déjà !
 

Posté le 12.10.2024

Cette année-là, 2009, oui, ce fut un coup d’envoi. Double, même. Celui, fictif, que Eastwood, premier prix Lumière, donna à Gerland d’un OL–Sochaux par ailleurs oubliable (défaite 0–2) ; et celui d’un festival qui ne durait que cinq jours mais qui n’avait rien d’une esquisse : avec, entre autres, des films noirs rarissimes, la découverte du cinéaste coréen Shin Sang–ok et déjà un film de femme en la participation d’Agnès Varda à un film collectif. Le tout vu par un public curieux en passe de devenir fidèle. Le pli était déjà pris…

©Jean-Luc Mège Photographies / Institut Lumière 2009

15 ans plus tard, nous voici à l’orée d’une riche et prometteuse seizième édition. 15 ans, ce n’est rien, tout au plus une adolescence ; et parfois c’est énorme, l’écart entre L’Inhumaine de L’Herbier et Autant en emporte le vent, donc du muet d’avant-garde au mélo planétaire en technicolor ; ou entre Lisbonne Story de Wenders et le premier Avatar, de la méfiance envers le numérique jusqu’à son triomphe.

En 15 ans, il s’en est passé, des choses, aussi, à Lyon : des salles combles pour des soirées festives et/ou émouvantes, à chaque fois uniques, des visites qui ne s’oublient pas, de Tarantino à Tim Burton, via Jane Fonda et Catherine Deneuve, un rituel d’admiration et de partage qui laisse les artistes ébahis devant la chaleur du public lyonnais, de la joie à chanter sous la pluie et des larmes sur la route de Madison. Bertrand Tavernier nous manque, mais on croit l’entendre encore s’émerveiller en racontant l’enfance d’Henry Decoin ou se livrer en érudit au vibrant hommage du prix Lumière.

2024 : pas sûr que, malgré son goût pour le foot, Isabelle Huppert aille jusqu’à Décines pousser les Gones. Mais tout le reste sera fidèle à une tradition établie et sans cesse enrichie : des créatrices et des créateurs admirés par un public désormais constitué de connaisseurs, une communion joyeuse, du plaisir partout, de l’émotion plein les yeux. On en reprend volontiers pour 15 ans supplémentaires. Et au-delà…

 Aurélien Ferenczi