À la recherche de la vérité

 


Posté le 12.10.2024


 

Fred Zinnemann n’a eu de cesse d’insuffler du réalisme dans la machine hollywoodienne. Comme dans C’étaient des hommes, film sans fard sur des éclopés post–guerre mondiale.

 

C-etaient des hommes-BrandoMarlon
C’étaient des hommes
de Fred Zinnemann, 1950 © DR

 

« Il n’y a rien de nouveau ou d’exceptionnel dans l’idée d’employer des non-acteurs pour se jouer eux-mêmes à l’écran. Cela a été fait souvent dans le passé, dans les films de Robert Flaherty, par exemple, et nul doute qu’on le refera à l’avenir. » Le 8 juin 1950, quelques semaines avant la sortie américaine de C’étaient des hommes, Fred Zinnemann offre au New York Times un véritable discours de la méthode, plus néoréaliste qu’hollywoodien, rappelant d’emblée ce qui a ses yeux constituait sa plus grande influence artistique, le travail du cinéaste–explorateur Flaherty.

Pour sa première collaboration avec le producteur Stanley Kramer, qui croit, lui aussi, que le cinéma doit explorer les problèmes du monde, Zinnemann s’attaque à un film–dossier : le sort des soldats rentrés paraplégiques du conflit mondial. Fidèle à son programme, le metteur en scène s’installe dans un hôpital californien pour vétérans, se documente auprès d’un médecin spécialisé, interviewe avec son scénariste Carl Foreman des dizaines de patients, demande à son acteur principal, Marlon Brando, dont c’est le premier film, de passer un mois auprès des malades privés de leurs jambes.

 Au-delà du dilemme abordé par le récit et vaillamment porté par Teresa Wright (peut-on être amoureuse d’un paraplégique ?), C’étaient des hommes (le titre original, The Men est nettement plus positif) est à son meilleur dans les scènes de groupe. La salle d’hôpital évoque alors la chambrée de la caserne ou du camp de prisonniers, que le cinéaste sait faire vivre de façon vraisemblable.

Après avoir pensé engager un acteur professionnel, Zinnemann choisit de donner un rôle secondaire important à un jeune patient d’origine mexicaine, Arthur Jurado, dont l’histoire personnelle ressemblait étrangement au personnage écrit par Foreman. « Vers la fin du tournage, raconte le cinéaste, il avait saisi quelques trucs d’acteur, notamment en observant Marlon Brando. Je suis content que le film soit presque terminé, me dit Brando : ce type est en train de me prendre toute la lumière… »

Aurélien Ferenczi

 

C’étaient des hommes de Fred Zinnemann (The Men, 1950, 1h25)
Institut Lumière (Hangar) sa 12 10h45 | UGC Confluence ma 15 14h | Pathé Bellecour me 16 19h15 | Lumière Terreaux je 17 19h15

 

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