Posté le 12.10.2024
Fils d’avocats, il s’était rêvé peintre, basketteur, avant de se passionner pour l’art dramatique. “Une science” dit-il. Lyon, il connaît déjà.
© Olivier Chassignole
En 2011, il est venu présenter L’Île nue de Kaneto Shindô (1960). Une oeuvre minimale en noir et blanc, à la beauté saisissante, sans dialogues. L’un de ses films préférés. Il venait de boucler le tournage de Savages d'Oliver Stone (2012) et n’avait cette année-là rien d’autre à “vendre” que l’émotion et le plaisir que lui avait procuré des années plus tôt la découverte de ce bijou de cinémathèque au lyrisme terrassant. Le Festival rend ainsi hommage à un acteur qui est d’abord un sérieux cinéphile. Comptez sur lui pour aller se faire oublier au milieu des Lyonnais afin de découvrir les trésors de cette quinzième édition. De notre côté, on courra le voir ou le revoir dans Las Vegas parano de Terry Gilliam, l’un des quatre films choisis pour honorer sa présence.
Les premiers souvenirs de cinéma de Benicio del Toro le renvoient à son enfance portoricaine. Il a 6 ans lorsque son “viejo” comme il dit en parlant de son père, un avocat d’affaires, plutôt fan de westerns, l’emmène voir un James Bond, L’Homme au pistolet d’or (Guy Hamilton, 1974). Un jour il campera un “méchant” dans un autre James Bond - Permis de tuer (John Glen, 1989) - , il ne le sait pas encore. A 10 ans, c’est Papillon (Franklin J. Schaffner, 1973) avec Steve McQueen qui dit-il l’a “impressionné”. Il y avait de quoi à un si jeune âge. Tout comme l’impressionnait la liturgie qui entourait la séance, “cette sensation “d'être” au cinéma, entouré de monde, avec les gens qui font « chut » avant que la projection ne commence…”
© Jean-Luc Mège Photographies / Institut Lumière 2008
Dans une famille d’avocats où prévalait l’amour du droit, le gamin est vite parti de travers. Il pratique le basket à un haut niveau jusqu’à ses 17 ans. Et bientôt il suit les cours de comédie de l’école Stella Adler de New York. “Après avoir vu une pièce à la fac, raconte-t-il au quotidien El Pais, j'ai découvert que le travail d'acteur ne consistait pas à crier et à gesticuler, - ce pour quoi j'étais très doué -, mais que c'était une science à part entière qui répond à des règles et suit un processus logique. Alors j’ai voulu creuser le sujet. Et je creuse encore. Je me sens comme un boxeur qui n’atteint jamais la perfection du coup final.”
L’animal est modeste. Car combien de fois a-t-il sonné la critique à coups de performances mémorables ? La première, dans Usual Suspects de Bryan Singer (1995) ; la suivante dans Traffic de Steven Soderbergh (2000) qui lui vaut l’Oscar du meilleur second rôle. Avec le même Soderbergh devenu un ami, Benicio del Toro, se surpassera dix ans plus tard en faisant revivre Ernesto Guevara dans Che. Sa composition se décomposera en une série de crochets et d’uppercuts qui laissera le jury du Festival de Cannes ébahi. Prix d’interprétation obtenu par K.O. “"Le Che estimait qu'il fallait être fou pour être un révolutionnaire. Mais pour être un acteur aussi," ironisait-il au moment de la sortie.
La confiance qu’il a en son art est totale. Au point que jouer les latinos furibards comme il l’a fait souvent ne le gêne pas, “tant que les personnages qu’on m’offre trouvent leur valeur dans la complexité”. Son rôle dans Sicario de Denis Villeneuve est un exemple. “Et puis être identifié comme latino est une fierté” répète-t-il à l’envie. Il retourne régulièrement à Porto Rico et possède la double nationalité américaine et espagnole. “Je n’ai jamais travaillé avec Almodovar ; et j’aimerais bien”.
Carlos Gomez
Master class
Rencontre avec Benicio del Toro
Lundi 14 octobre à 15h au Pathé Bellecour
Avec le soutien de
Las Vegas Parano de Terry Gilliam
(Fear and Loathing in Las Vegas, 1998, 1h58, int -12ans)
Comœdia di 13 21h | Pathé Bellecour lu 14 16h45 | UGC Confluence ma 15 21h15 |
Pathé Vaise di 20 16h30
Che, 1re partie : L’Argentin de Steven Soderbergh
(Che: Part 1 – The Argentine, 2008, 2h14)
UGC Confluence di 13 14h45 | Institut Lumière (Hangar) ve 18 19h
Che, 2e partie : Guerilla de Steven Soderbergh
(Che: Part 2 – Guerilla, 2008, 2h15)
UGC Confluence di 13 17h45 | Pathé Bellecour sa 19 21h45
Jimmy P. (Psychothérapie d’un Indien des Plaines)
d’Arnaud Desplechin (2013, 1h57) .
Lumière Terreaux lu 14 11h | Institut Lumière (Villa) me 16 16h45 |
Institut Lumière (Villa) me 16 17h
Sicario de Denis Villeneuve (2015, 2h02, int -12ans)
Institut Lumière (Hangar) di 13 17h30 | UGC Confluence lu 14 20h30 |
Lumière Terreaux ma 15 21h