Posté le 12.10.2024
Par où commencer ? Dire que c’est le cinéaste qui a refusé Le Parrain, projet que lui livrait sur un plateau le boss de la Paramount ? Que c’est l’homme qui a failli être président de son pays natal, la Grèce ? Qu’il a aussi connu intimement Salvador Allende, à quelques mois du putsch qui le renversa en 1973 ? Et que Kadhafi lui-même lui apporta un projet, écrit de sa main, qu’il s’empressa de refuser ? Costa-Gavras, 91 ans, a eu mille vies, qu’il raconte dans ses savoureux Mémoires, Va où il est impossible d’aller (au Seuil). Il a traversé tous les soubresauts idéologiques et politiques de la deuxième partie du 20e siècle et du début du 21e, s’en est fait le témoin, lucide, engagé, mais jamais dogmatique.
© Paul Grandsard
L’expérience de l’injustice, il l’a faite très tôt : l’engagement anti–royaliste de son père lui interdit l’accès aux universités en Grèce ; le voilà débarquant à Paris, au milieu des années 50, détourné de tout autre chemin professionnel par la découverte émerveillée de la Cinémathèque française. Après des études à l’IDHEC, il devient assistant–réalisateur, grimpant les échelons du métier, se rendant indispensable. Il travaille pour les grands du moment, Clouzot, René Clair, René Clément, grâce à qui il rencontre Simone Signoret. Sans doute la Nouvelle Vague bouillonne-t-elle déjà, mais Costa n’est pas de la bande (trop réac pour lui, par ailleurs). L’amitié qu’il noue avec Yves Montand et Simone Signoret, les plus grandes stars de l’époque, l’aide à monter son premier film, Compartiment tueurs (1965) dans lequel jouent les deux comédiens, mais l’introduit surtout dans un cercle d’intellectuels particulièrement enrichissant.
La suite est une légende. C’est le film politique Z, écrit avec Jorge Semprún, qui lui vaut une récompense au festival de Cannes et l’Oscar du meilleur film étranger. Il y aura aussi L’Aveu, puis État de siège (1972), ou Missing (1982) Palme d’or à Cannes, qui font définitivement de Gavrasle grand cinéaste qui dénonce sans manichéisme tous les totalitarismes du 20ème siècle. Cette force de mettre en lumière les grandes violences de nos sociétés, il la retrouve dans les années 2000. Avec intelligence, il comprend que l’une des grandes tyrannies n’est plus seulement la politique frontale, mais celle plus torve de l’argent et ses dérives. Il signe quelques films sur le sujet dont Le Capital (2012).
© Romane Derbelen / Team Mège
Pour autant, Gavras n’est pas seulement un réalisateur citoyen du monde, aujourd’hui également Président de la Cinémathèque Française. A l’instar d’un Ken Loach, qu’il admire, il sait aussi ne pas oublier la part intime de la vie de ses personnages. Ce moment où il est temps de s’arrêter pour regarder l’autre, comme dans le très étonnant et bouleversant Clair de femme (1979), ou Hanna K. (1983), car oui Costa-Gavras est le grand cinéaste complet, que tout intéresse.
AF
Master class
Rencontre avec Costa-Gavras
Lundi 14 octobre à 11h au Pathé Bellecour – traduction en langue des signes
Avec le soutien de
Z de Costa-Gavras (1969, 2h07, VFSTA)
UGC Confluence di 13 11h15 | Pathé Bellecour lu 14 10h45 |
Institut Lumière (Villa) je 17 20h30 | Institut Lumière (Villa) je 17 20h45 |
Comœdia sa 19 17h
L’Aveu de Costa-Gavras (1970, 2h19, VFSTA)
Institut Lumière (Hangar) di 13 14h30 | Comœdia ma 15 10h45 |
UGC Confluence me 16 21h | Décines je 17 20h
Le Siècle de Costa-Gavras, épisodes 1, 2 et 3
de Yannick Kergoat (pour l'épisode 1 et 3) et Marie-Pierre Camus (pour l'épisode 2)
(Série documentaire, 2024)
Épisode 1 Pathé Bellecour lu 14 14h15 | Épisode 2 Pathé Bellecour di 13 19h |
Épisode 3 Pathé Bellecour lu 14 16h
Le Dernier souffle de Costa-Gavras (2024, 1h40)
Pathé Bellecour di 13 20h