Posté le 15.10.2024
Quoi de mieux que d’avoir l’âme italienne pour exprimer des films au romanesque populaire ? Le cinéaste sicilien Giuseppe Tornatore est à Lyon pour incarner cet immense cinéma-là.
© S. Schirato - Paco Cinematografica / DR
Dans une cabine de projection, un petit garçon tient entre ses doigts un ruban de pellicule, qu’il fixe avec émerveillement. Cette séquence de Cinema Paradiso illustre à merveille l’amour que Giuseppe Tornatore porte au cinéma et à sa fabrication. Le réalisateur a mis beaucoup de lui dans ce film, qui célèbre le pouvoir de fascination des salles obscures. Tout comme Toto, son jeune héros, Giuseppe Tornatore a grandi dans une petite ville de Sicile. Né en 1956 à Bagheria, il se passionne dès l’enfance pour le cinéma, des comédies populaires aux œuvres de grands auteurs.
Au début des années 80 Giuseppe Tornatore réalise des documentaires pour la RAI. Il est assistant sur Cent jours à Palerme, de Giuseppe Ferrara. Impressionné par sa maîtrise, le producteur Goffredo Lombardo accepte de financer en 1986 son premier film Il camorrista, qui retrace sans le nommer l’ascension du chef mafieux Raffaele Cutolo. Servie par l’interprétation magistrale de Ben Gazzara, cette fresque criminelle vient d’être restaurée sous la forme d’une série en cinq épisodes.
La carrière de Giuseppe Tornatore prend son véritable envol avec le triomphe de Cinema Paradiso qui suscite une vive émotion lors de sa présentation au festival de Cannes en 1989, où il reçoit le Grand prix du jury. Cette histoire d’amitié entre le jeune Toto et un projectionniste bourru incarné par Philippe Noiret bouleverse le public. Le film obtient l’Oscar du meilleur film étranger et impose Tornatore. Dans la foulée il dirige Marcello Mastroianni, dans Ils vont tous bien (1990), où l’acteur est retraité qui sillonne l’Italie pour rendre visite à ses enfants perdus de vue. Giuseppe Tornatore saisit avec justesse l’évolution d’une société où les liens se délitent, trouvant le bon dosage entre humour et drame.
Très attaché à sa terre natale, Giuseppe Tornatore a fait de la Sicile le décor privilégié de plusieurs de ses films. Dans Marchand de rêves (1995) Sergio Castellitto joue un escroc qui soutire de l’argent aux habitants en leur faisant passer de faux bouts d’essais devant sa caméra. Dans Malèna (2000) Monica Bellucci est l’épouse d’un homme parti au front, dont la beauté attire tous les regards de l’île. Baarìa (2009) est une vaste saga dépeignant la vie d’une famille sicilienne sur trois générations. Amateur de narrations amples, Giuseppe Tornatore porte un regard fin sur l’histoire de son pays. Il possède un art consommé du récit : dans La Légende du pianiste sur l’océan (1998), il déroule l’existence entière d’un homme au destin hors du commun né à l’orée du XXe siècle ; dans The Best offer (2013), il plonge le spectateur au cœur d’une intrigue à tiroirs.
Comme un fil rouge dans son œuvre, la musique d’Ennio Morricone accompagne tous ses films. Le compositeur de légende a noué avec Giuseppe Tornatore une collaboration riche et heureuse, trouvant son aboutissement dans le documentaire Ennio (2021), où le cinéaste s’entretient longuement avec le maestro, qui revient en profondeur sur son immense carrière. Ponctué d’extraits de films, Ennio rappelle une fois de plus combien Giuseppe Tornatore est un fervent cinéphile. Son invitation au festival Lumière est l’occasion rêvée de célébrer son talent.
Aurélien Ferenczi
Master class
Rencontre avec Giuseppe Tornatore
Mardi 15 octobre à 11h au Pathé Bellecour
Avec le soutien de
Cinema Paradiso de Giuseppe Tornatore (Nuovo Cinema Paradiso, 1988, 2h05)
UGC Astoria di 13 14h30 | Cinéma Bellecombe lu 14 20h | Pathé Bellecour ma 15 10h45 |
UGC Confluence me 16 10h45 | Institut Lumière (Hangar) di 20 16h30
Ils vont tous bien de Giuseppe Tornatore (Stanno tutti bene, 1990, 2h07)
UGC Confluence di 13 18h45 | Lumière Terreaux lu 14 14h45 | Pathé Bellecour ve 18 20h15
Ennio de Giuseppe Tornatore (Documentaire, 2021, 2h36)
Institut Lumière (Hangar) lu 14 10h | Lumière Bellecour di 20 14h30