Icíar Bollaín :

« Mon premier désir était
de raconter des histoires. »
 


Posté le 17.10.2024


 

De ses premiers rôles à sa collaboration avec Ken Loach, l’actrice-réalisatrice Icíar Bollaín s’est livrée au public. Extraits choisis.

 

actu2024-01-Iciar-Bollain-masterclass-1610-Chassignole
© Olivier Chassignole

 

Moi Tarzan

Au cinéma de mon quartier, je me souviens de la projection de Tarzan : enfant, je voulais être Tarzan et non pas Jane. Tarzan parlait aux animaux s’accrochait aux branches, c’était plus intéressant ! Chaque été, nous organisions des cousinades pendant lesquelles mon père nous racontait des histoires dans lesquelles nous étions les protagonistes. Bien avant de jouer la comédie, mon premier désir était de raconter des histoires, j’en écrivais à 13 ans. Je suis devenue actrice par accident. J’ai rapidement compris que c’était derrière la caméra que tout se jouait.

Sa première audition

Le réalisateur Victor Erice avait sillonné mon quartier pour faire passer les auditions pour son film El sur (Le Sud). Ma sœur Marina avait vu des affiches pour le casting : elle était extravertie et moi, c’était le contraire. Victor m’a demandé si je voulais passer le casting mais j’avais un examen important à l’école. On m’envoie par courrier un extrait du scénario, et j’ai adoré. Au casting, j’étais gênée lorsqu’on m’a demandé de réciter le texte, que je n’avais pas appris : je ne connaissais rien au cinéma. J’ai finalement eu le rôle et ce sont mes parents qui ont signé mon contrat car j’étais mineure. 

Un cupidon nommé Ken Loach

Lorsque je suis allée au casting de Land and Freedom, il n’y avait pas de scénario alors on improvisait. Le rôle principal féminin ne me correspondait pas mais Ken Loach m’a dit qu’il aimait ce que je faisais. Il a alors réécrit un personnage afin que je le joue, c’est celui de Maite. La rencontre avec Ken a été formidable, c’est un grand cinéaste, avec une telle rigueur mais beaucoup d’humanité. Et puis Ken m’a invité sur le tournage de Carla’s song à Los Angeles où j’ai rencontré son scénariste, Paul Laverty, qui est devenu mon compagnon. Nous avons depuis, écrit plusieurs films ensemble.

 

Actu2024 05 Iciar Bollain Masterclass 1610Chassignole
© Olivier Chassignole

 

Dans la peau des Rolling Stones

Pour mon deuxième long-métrage Flores de otro mundo, l’accueil a été incroyable : il a remporté le Grand Prix de la Semaine de la critique au Festival de Cannes ! C’était comme être admise dans la cour des grands. Et lorsque nous sommes retournés au village où nous avions tourné le film pour le montrer aux gens du village, tout le monde avait eu connaissance du succès à Cannes. Les habitants nous ont reçu comme si nous étions les Rolling Stones !

Une cinéaste engagée

Je crois que mon film Ne dis rien (Te doy mis ojos) est arrivé au moment où nous avions besoin de comprendre le phénomène des violences faites aux femmes. Il a été utilisé il y a quelques années par la police espagnole comme outil pédagogique. Un jour, j’étais dans le métro à Madrid et un jeune homme est venu me donner un papier sur lequel était écrit : « ma mère a vu votre film Ne dis rien et cela a changé la vie de mes frères et sœurs ». Elle avait quitté son mari violent, comme Pilar, le personnage du film.

 



Propos recueillis par Laura Lépine

 

 

 

Catégories : Lecture zen