Posté le 16.10.2024
Grand habitué du MIFC, Jean-Fabrice Janaudy livre sa vision de son métier d’exploitant.
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Pouvez-vous rappeler pour le grand public en quoi consiste votre métier ?
Jean-Fabrice Janaudy : Je suis exploitant du cinéma Le Vincennes à Paris, détenu par la société Les Acacias. Je gère la programmation, la gestion comptable et administrative, et la direction de la salle. Je suis aussi distributeur de films classiques. Pour ce second métier, je gère les acquisitions, les relations publiques et l’administratif. Nous avons trois lignes éditoriales dans la réédition des classiques : les chefs d’œuvres incontournables, comme La Strada de Fellini (1954) ; les films inédits ou mésestimés, comme La Noire de… d’Ousmane Sembène (1966) ; et des films plus récents, « cultes », comme Le Nom de la Rose de Jean-Jacques Annaud (1986).
Vous êtes tous les ans au MIFC. Qu’est-ce qui vous donne envie de revenir ?
JFJ : Je le trouve passionnant car c’est un peu l’équivalent du marché du film cannois, à une plus petite échelle. C’est un espace très convivial, agréable et qui permet de rencontrer d’autres distributeurs, des ayants-droits français et étrangers, etc. Nous sommes tous passionnés de cinéma avec la même ferveur. Nous pouvons confronter nos expériences d’exploitation de films. Chaque année il y a de plus en plus de monde, et aussi de nouvelles têtes.
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Quel cinéma aimez-vous ?
JFJ : Je baigne dans la cinéphilie depuis l’enfance. Thriller, science-fiction, drame, films arty ou populaires… j’aime toutes les typologies de cinéma. J’ai tout de même un attachement naturel pour le cinéma français dit « d’avant la Nouvelle Vague », que j’ai découvert très jeune, notamment celui de René Clair, Jean Renoir, ou Henri-Georges Clouzot. Je tiens beaucoup à travailler sur ce cinéma-là en tant que distributeur. Je suis d’ailleurs très fier d’avoir organisé la rétrospective « Le génie Guitry » l’an dernier, pour rappeler que Sacha Guitry est l’un des plus grands cinéastes français.
Quelles sont vos projets ?
JFJ : Une seconde rétrospective Sacha Guitry en 2025, car son œuvre est très large. Le 6 novembre, nous sortons trois films de Max Ophüls : Madame de... (1953), Le Plaisir (1952) et Sans lendemain (1939). Ce troisième long-métrage est un peu le premier grand film français du cinéaste, dans la lignée de ce qu’il a fait par la suite, et peu connu, même des cinéphiles. Nous aimerions, dès l’an prochain, proposer des œuvres de Julien Duvivier des années 30 : Pépé le Moko, La Tête d’un homme, ou Poil de Carotte.
Propos recueillis par Fanny Bellocq