Voyage au bout du cauchemar
 

Posté le 19.10.2024

Huit heures sans fermer l'œil ! C’est ce qui attend les spectateurs de la Halle Tony-Garnier avec la programmation de quatre films qui ont marqué l'histoire du cinéma de genre. Décryptage par Alexandre Aja.

HÉRÉDITÉ D’ARI ASTER (2018)
AVEC TONY COLLETTE, GABRIEL BYRNE. 2H03.

Par principe, je vais voir en salle tout ce qui a trait au cinéma d’horreur. Et en la matière, il y a un avant et un après Hérédité.

C’est un chef-d'œuvre du genre où la notion de famille est mise à mal - comme dans chacun des films proposés au cours de cette Nuit. Chaque fois que je revois Hérédité, ça appelle chez moi une lecture différente. J’avais déjà halluciné en découvrant les courts métrages d’Ari Aster, mais ce premier long le place parmi les grands auteurs. À la suite, il m’a encore ébloui avec Midsommar. Il sera très difficile de le détrôner. Son film est tout simplement un sommet d’horreur psychologique autour d’une malédiction familiale terrifiante.

LA COLLINE A DES YEUX D’ALEXANDRE AJA (2006)
AVEC AARON STANFORD, KATHLEEN QUINLAN. 1H47.

Je suis très ému - et impatient - à l’idée de redécouvrir en salle un film que je n'ai pas revu depuis sa sortie. Peu avant, j’avais réalisé Haute Tension, qui avait attiré l’attention de Wes Craven, mon maître absolu. Imaginez ce que j’ai pu ressentir à 25 ans lorsqu’il m’a proposé de signer le remake de La Colline a des yeux, qu’il avait réalisé en 1977 ! Avec mon co-scénariste Grégory Levasseur, on voulait faire un film de survie inspiré par la radicalité de Massacre à la tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974), Délivrance (John Boorman, 1972)…

Dans l’Amérique post 11/09, traumatisée d’avoir nourri ses propres ennemis, on voulait mettre l’accent sur ces victimes d’essais nucléaires secrets, qui préparaient leur vengeance, cachées dans le désert. La relation avec Wes - avec qui je finirai par devenir ami - était complexe. Durant la préparation, il n’y croyait plus ; au point que je lui suggère de tourner le film lui-même. Il m'a quand même laissé ma chance, jusqu'aux fameuses projections tests, qui furent un succès absolu.

FREDDY - CHAPITRE 1 - LES GRIFFES DE LA NUIT DE WES CRAVEN (1984)
AVEC ROBERT ENGLUND, JOHNNY DEPP. 1H31.

J'ai connu la peur de m'endormir pendant des années à cause de Freddy, bien avant d’avoir pu voir le film. J’avais 5, 6 ans, et ce que m’en disaient de plus grands que moi me terrifiait.

Et puis l’affiche sur les bus ! C’est le film d’horreur qui a suscité ma vocation. Au collège, ma rencontre avec mon futur co-scénariste Grégory Levasseur se fait autour d’un magazine qui avait mis Craven en une. Après, on a vu la série des Freddy dans le désordre. L’épisode 3 - Les Griffes du cauchemar, 1987 - est aussi un grand film, mais je considère ce premier comme le Citizen Kane du genre - avec Evil Dead 2 de Sam Raimi (1987). Son capital de terreur est inépuisable, avec un niveau d’invention sidérant qui génère des moments de folie pure. Chaque séquence recèle une trouvaille.

L’EXORCISTE – DIRECTOR’S CUT DE WILLIAM FRIEDKIN (1973)
AVEC ELLEN BURSTYN, LINDA BLAIR. 2H13.

Le chef-d'œuvre ultime de l'horreur, avec Shining (Stanley Kubrick, 1980), Rosemary's Baby (Roman Polanski, 1968), Psychose (Alfred Hitchcock, 1960) et Les Dents de la mer (Steven Spielberg, 1975). Tout est tellement parfait ! Radical ! Il ne répond à aucune règle. La première moitié du film est quasiment réaliste, ce qui rend la suite encore plus vertigineuse. C'est une œuvre sacrilège, le fruit d’une profanation, qui donne la parole au Diable dans une Amérique historiquement puritaine ; avec un fameux crucifix au milieu de son dispositif… Aujourd'hui, personne n'oserait aller si loin, même si Lars von Trier a essayé.

Propos recueillis par Carlos Gomez

Master class
Rencontre avec Alexandre Aja
Samedi 19 octobre à 10h30 au Pathé Bellecour
Avec le soutien de

Samedi 19/10 à 20h30 à la Halle Tony Garnier
Nuit Voyage au bout de l'horreur

Toute la nuit, des animations, des surprises...
Interdit aux - 16 ans