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Posté le 12.10.2024

La star gracile a mené sa carrière avec force, de quoi trouver une place unique à l’écran comme à la scène. Le festival Lumière lui rend hommage.

L'Arnacoeur de Pascal Chaumeil, 2010 © Quad Films / DR

Accéder à la célébrité comme chanteuse à l’âge de 14 ans, puis faire son premier film en vedette à 16, est un privilège autant qu’une charge. Or Vanessa Paradis s’en est fort bien acquittée. Sans jamais se départir de son sourire tranquille. Adulée autant que décriée au début de sa phénoménale carrière, elle a survécu ainsi contre vents et marées, en prenant “tout simplement du plaisir dans ma vie" dit-elle.

Elle n’est plus apparue sur scène depuis 2019 et ses dernières sorties musicales se limitent à des participations aux albums de copains comme Etienne Daho. Discrète, mais avec un charisme intact. Au cinéma, elle poursuit son chemin ; avec parcimonie - nombre de seconds rôles - mais un invariable bon goût aussi, jusqu’à recevoir cet automne l’hommage que lui consacre Lyon. Il sera riche d’une poignée de films que le public garde en tête comme La Fille sur le pont (1999), Café de Flore (2011) et L’Arnacoeur (2010) vu à sa sortie par près de 4 millions de spectateurs. 

Elle jure que, lorsqu’elle était enfant, “chanteuse ou actrice”, elle ne se posait pas la question. Mais il y avait chez elle “le goût des comédies musicales” qui marie les deux. En mars 1989, elle n’a pas 17 ans et le taxi prénommé Joe à qui elle doit sa notoriété soudaine en radio n'est pas près d’arrêter son compteur. Revers de la médaille ? Une hostilité publico–médiatique dont Vanessa est alors la cible. L’actrice qu’elle n’est pas encore, va voler au secours de la chanteuse. Marceline Lenoir - agent de Juliette Binoche - entre autres - a pris en main sa carrière et lui suggère de lire le scénario de Noce Blanche. Elle y incarnera une lycéenne paumée littéralement folle d’amour pour son prof de philo, Bruno Cremer. Le souvenir qu’elle en garde ? Sur le coup, le pire : un tournage “éprouvant” avec un Jean-Claude Brisseau “autoritaire” et “détestable” confie-t-elle à Première. “Plus jamais”. Et pourtant Noce blanche lui vaut laisser-passer pour le public qui remplit les salles. 1 800 000 entrées et une sortie mondiale. Le César du meilleur espoir valide sa témérité. Paradis est aux anges. 

Récemment, l’actrice est revenue sur son film de baptême en évoquant malgré tout l’affreux Brisseau comme “un très bon metteur en scène”. “Le film a modifié le regard qu’on portait sur moi comme jeune chanteuse. Les choses sont devenues plus vivables”.  Elle privilégie alors la chanson et ce n’est que cinq ans plus tard qu’elle récidive pour Jean Becker. Il n’avait plus tourné depuis L'Été meurtrier. Elisa, c’est l’histoire d’une adolescente de la DDASS sur les traces du père. Elle dit “oui” sans même aller au bout de la lecture, “même si l’idée de tourner avec Gérard Depardieu [la] terrifiait”. Nouveau succès public, deux millions d’entrées. Côté chanson, elle poursuit son ascension. "Mais je n'ai pas besoin de choisir, c'est tellement magnifique de pouvoir passer de la musique au cinéma”. 

L'Arnacoeur de Pascal Chaumeil, 2010 © Quad Films / DR

En 1998, c’est la rencontre avec Patrice Leconte qui parvient à réunir Belmondo et Delon autour d’elle dans Une chance sur deux. Encore le portrait d’une femme enfant, courant après une figure paternelle. Mais Leconte c’est surtout La Fille sur le pont, tourné l’année suivante avec Daniel Auteuil. Un écrin en noir et blanc où son talent fracasse tout et ce, dès le monologue d’ouverture : huit minutes d’une intensité folle, qui valent tous les films que Vanessa Paradis n’a sans doute pas pu tourner à la suite, du fait de sa double carrière.

Mais elle n’en a pas fini avec le cinéma. Tandis qu’on annonce l’entrée en pré-production de Trespassers de Vanessa Filho (Le Consentement), on retrouvera en février dans Histoire d’un mariage d’Ann Le Ny avec laquelle elle a tourné Cornouailles. Un film d’un genre auquel elle ne s’est jamais frottée ; un thriller vénéneux, où le personnage de Paradis promet l’enfer à celui que joue Omar Sy…

Carlos Gomez

Master class
Rencontre avec Vanessa Paradis
Dimanche 13 octobre à 11h au Pathé Bellecour

Avec le soutien de

Films présentés :

La Fille sur le pont de Patrice Leconte (1999, 1h30)
Lumière Terreaux di 13 21h | UGC Confluence lu 14 10h45 | Comœdia ma 15 16h30

L’Arnacœur de Pascal Chaumeil (2010, 1h45)
Pathé Bellecour di 13 17h30 | UGC Confluence ve 18 19h | Institut Lumière (Villa) di 20 19h15 | Institut Lumière (Villa) di 20 19h30

Café de Flore de Jean-Marc Vallée (2011, 2h)
Comœdia di 13 15h45 | Institut Lumière (Hangar) lu 14 14h30