le triomphe de l’amour
 

Posté le 13.10.2024

Le cinéaste prolifique revient à Lyon à la rencontre du public lors d'une master class et une soirée spéciale pour célébrer  un livre hommage pour les dix ans de son film Mommy.

© DR

«  Je sais pas ce qui s’est passé. Quand j’étais petit, on s’aimait. Je l’aime. Je peux la regarder, lui dire "Allo", être à côté d’elle, mais… je peux pas être son fils…  »  Voici les premières paroles prononcées par Xavier Dolan, acteur, scénariste, cinéaste et producteur de J’ai tué ma mère, réalisé en 2008, à dix-neuf ans. En gros plan, sur une image en noir et blanc, Dolan affiche la couleur. Son cinéma sera celui où l’on dit frontalement les choses subversives, paradoxales, pourvu que cela serve une seule et unique cause universelle : l’amour ! Celui pour sa mère, sa meilleure amie, son meilleur ami, le garçon d’à côté, l’idole inaccessible.

Dolan et son cinéma se confondent, tant l’homme, très jeune, imagine tout ce qui doit être sur l’écran. Elevé à l’image (à l’âge de quatre ans, il jouait dans des publicités et des films), Dolan a instauré dès son premier film une écriture au tempérament fiévreux, vivante à en fracasser l’écran. Ralentis phénoménaux, écran qui s’élargit au milieu du film, gros plans XXL, fonds de couleurs puissants, sens infernal du vêtement, rendent le cinéma de Dolan symboliste, poignant et moderne. En dix ans et huit films, de 2009 à 2019, Dolan, né à Montréal en 1989, a réveillé le cinéma québécois, et bien plus encore.

Travaillant aussi bien avec sa troupe d’acteurs fidèles, Anne Dorval, Suzanne Clément, Monia Chokri, Antoine Olivier Pilon…, qu’avec des stars françaises et anglosaxonnes, Marion Cotillard, Vincent Cassel, Léa Seydoux, Kit Harington, Nathalie Portman…, Dolan crée avec eux un rythme, un débit de paroles précipité par les émotions débordantes de personnages de classes sociales moyennes. Dans chacune de ses réalisations se profilent la difficulté d’être, si chère à Jean Cocteau, et une seule question : a-t-on le droit d’exister tel qu’on est, surtout quand on est hypersensible ?

Matthias & Maxime de Xavier Dolan (2019) © DR

C’est le fils irrité et désarmant de J’ai tué ma mère, la femme transgenre de Laurence Anyways, l’ado hyperactif de Mommy (sur lequel Dolan publie aujourd’hui un beau livre, A Friendship Through Film, avec Shayne Laverdière, chez MK2, Sons of Manual). C’est la star mondiale de Ma vie avec John F. Donovan… Se sentir différent et oser se montrer quand même, en avoir besoin, innervent également Juste la fin du monde, Tom à la ferme, et Matthias et Maxime. Le cinéma de Dolan est en cela politique et populaire.
Dolan sait instinctivement l’importance des chansons de variétés. Elles expriment tout, telle la séquence culte de Mommy où le jeune héros hurle son chaos intérieur sur On ne change pas de Céline Dion, chanteuse qualifiée de « trésor national » ! Le monde de Xavier Dolan se livre à de furieuses confessions sentimentales. Ce sont des histoires humaines, une certaine façon pleine de crânerie nécessaire, d’arriver dans le plan comme Laurence en trench violet dans le vent, ou au contraire de rentrer dans le champ avec ses bouleversantes fêlures tel Maxime amoureux dépassé. Dolan, c’est le cinéma qui possède toute l’inventivité et la beauté des autodidactes.

Virginie Apiou

Master class
Rencontre avec Xavier Dolan
Dimanche 13 octobre à 15h au Pathé Bellecour
Avec le soutien de

Soirée exceptionnelle
Une soirée avec Xavier Dolan
Mommy de Xavier Dolan (2h14)
Lundi 14 octobre à 19h à l’Auditorium de Lyon

LIVRE : A Friendship Through Film, Shayne Laverdière et Xavier Dolan (mk2, Sons of Manual, 2024)

Séances

Laurence Anyways de Xavier Dolan (2012, 2h48)
UGC Part-Dieu di 13 19h30 | UGC Confluence lu 14 14h30 | UGC Ciné Cité Internationale sa 19 20h

Mommy de Xavier Dolan (2014, 2h14)
Auditorium lu 14 19h | UGC Confluence di 20 14h

Juste la fin du monde de Xavier Dolan (2016, 1h39, VFSTA)
Institut Lumière (Hangar) di 13 20h30 | Comœdia lu 14 11h15 | Pathé Bellecour je 17 22h