Yannick Bellon,

l’exploratrice
 


Posté le 15.10.2024


 

Réalisatrice d'une oeuvre sensible, Yannick Bellon aurait eu 100 ans cette année.

 

actu2024-D-OU-VIENT-CET-AIR-LOINTAIN
© Les Films de L'Equinoxe

 

Courts-métrages, documentaires, fictions télé, films…  l’œuvre de Yannick Bellon est à redécouvrir. Née en 1924, c’est par un documentaire : Goémons (1948), que Bellon se fait remarquer. Il n’existe pratiquement aucune femme cinéaste à l’époque. Agnès Varda réalise son premier film en 1955. Il faut donc avoir du tempérament pour forcer les portes d’un cinéma français très masculin. Il n’est donc pas étonnant de retrouver Bellon filmant une autre femme résistante aux conventions, l’écrivaine Colette en 1952.

Toute sa vie Bellon alterne documentaire et fiction, réalité et projection, avec un point commun : la ville et ses bruits. Anatomie de Los Angeles (1969), capte le son de cette ville si gigantesque qu’on pourrait la dire sans voix. « Ville plate et bleue, Los Angeles… ville éclatée en multiples faubourgs qui s’ignorent… », peut-on entendre dans ce film poétique et réaliste à la fois, qui comprend tout de cette cité unique au monde.

 

actu2024-LOS_ANGELES
Anatomie de Los Angeles (1969) © DR

 

Entreprenante, Bellon n’attend pas qu’on vienne la chercher. Elle fonde en 1972 Les Films de l’Equinoxe afin de produire ses films. Pendant vingt ans, coûte que coûte, la cinéaste invente une œuvre où l’intime explique notre société avec poésie et une grande simplicité, parfois nécessairement brutale, notamment dans le choix de ses titres : Jamais plus toujours, L’Amour violé, L’Amour nu, Les Enfants du désordre…

Le cinéma de Bellon est délicat et impressionniste. La réalisatrice y aborde tous les grands sujets sociétaux d’alors et toujours : le viol, la drogue, la solitude, la misogynie, la maladie, l’homosexualité (alors invisibilisée au cinéma). La Femme de Jean traite ainsi de la séparation. Une quadra est plaquée par son époux. Grâce à son fils (Hippolyte Girardot merveilleux de jeunesse intelligente) et à quelques femmes remarquables, la femme de Jean, qui tourne autour de son lit trop grand sans plus savoir que faire, parvient à vaincre son chagrin et vivre pleinement son indépendance. Et l’on pense à un mot qui jalonne toute l’œuvre de Yannick Bellon : l’émancipation.

 

actu2024-la-femme-de-jean
La Femme de Jean (1974) © Les Films de L'Equinoxe

 

Virginie Apiou

Les séances :

La Femme de Jean de Yannick Bellon (1974, 1h44)
Lumière Terreaux lu 14 20h30 | Institut Lumière (Hangar) ma 15 9h

Anatomie de Los Angeles de Yannick Bellon (Documentaire, 1969, 37min, VFSTA)
Lumière Terreaux lu 14 20h30



Catégories : Lecture zen