Les apparitions féminines

 du cinéma de Wim Wenders
 


Posté le 20.10.2023


 

Les œuvres fondatrices de Wim Wenders sont des histoires d'hommes traversées par des femmes jeunes en mode apparitions douces. Terrestres ou célestes, elles sont des passantes déterminantes du cinéma de Wenders.

Les terrestres

C’est la femme assise avec laquelle le héros en transit passe un moment. C’est une femme tronc qui n’a pas besoin de ses jambes, une héroïne dont le grand sujet est la parole, raconter des choses franches et mélancoliques. Dans Alice dans les villes (1974), Lisa Kreuser avec son très beau regard cerné, incarne Lisa van Dam, allemande perdue à New York et mère d’une petite fille. Avec le héros, elle dit vouloir dormir, mais pas coucher. Contrainte, elle laisse provisoirement son enfant, comme Jane, mère qui fuit de Paris, Texas (1984). Cette autre femme tronc interprétée par Nastassja Kisnki, monologue toute en fragilité et spectaculaire pull tout doux rouge-orange en pleine lumière.


Entre terre et ciel

Il y a Pauline dans Au fil du temps (1976). Lisa Kreuzer joue cette jeune femme à l’humour étrange qui propose au héros d’allumer une bougie en forme de tête d’Hitler. Ouvreuse dans un cinéma porno, elle raconte dans le noir de la salle des histoires de crampes vaginales. Elle est une des rares femmes qui accompagne le héros wendersien dans son voyage.


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Nastassja Kinski et Hanna Shygulla dans Faux Mouvement, 1975 © Wim Wenders Stiftung



Les célestes

Une autre sorte d’héroïnes apparaît chez Wenders, les filles gracieuses qui ne touchent jamais le sol. Dans Faux Mouvement (1975) Therese, incarnée par le sphynx ironique Hanna Shygulla, sourit dans un train qui donne l’impression de décoller ! Légère, elle semble à distance, et attire irrémédiablement le héros qui voit en elle une apparition addictive. Du bist ein Engel/Tu es un ange, dit un homme à Marion dans Les Ailes du désir (1987). Cette jeune trapéziste jouée par Solveig Dommartin, des ailes dans le dos ne touche jamais terre. Elle cherche l’amour. Pour elle, l’un des héros, qui est un ange, est prêt à se poser.

Avec les femmes célestes, l’homme wendersien espère s’arrêter. La bien nommée Sky, incarnée par Sarah Polley, dans Don’t come knocking (2005), propose à son père d’enfin s’installer. Terrestres ou célestes, les femmes poétiques de Wenders se dévoilent franchement et proposent à l’homme face à elle, telle Jane : Y a-t-il quelque chose que tu voudrais me dire ?


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Sarah Polley dans Don’t come knocking, 2005 © Wim Wenders Stiftung

 

 

 


Virginie Apiou


 

Catégories : Lecture zen