Cinéphilie

Rebecca Zlotowski, ses films de chevet
 


Posté le 15.10.2025


 

 « Jeanne Moreau a inspiré la cinéaste et la femme que je suis. »

 

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© Sandrine Thesillat / Festival Lumière 2025

 

Le Roi et l’Oiseau de Paul Grimault (1980)

Ce film, c’est un peu ma cinéphilie VHS. En y repensant, je crois que ce film marque l’origine de ma conscience de classe. En le revoyant, j’ai réalisé à quel point le scénario était politique, il y a une telle puissance sociale dans cette œuvre ! Il est question de l’absence totale de liberté, d’un monde d’en bas et de combien on a besoin de dissidence dans une société.

 

Les Amants de Louis Malle (1958)

L’extrait choisi est la porte d’accès la plus grande à l’érotisme. C’est quand même la première scène de cunnilingus du cinéma français, avec tout ce qu’il peut y avoir de transgressif à voir le plaisir sur le visage de Jeanne Moreau ! J’ai une passion pour Louis Malle, c’est un auteur brillant de la Nouvelle Vague. Je lui ai d’ailleurs emprunté le titre de mon nouveau film Vie privée. Quant à Jeanne Moreau, elle a inspiré la cinéaste et la femme que je suis.

 

La Collectionneuse d’Éric Rohmer (1967)

Dans mon film Une fille facile avec Zahia Dehar, il y a certainement l’hommage le plus flagrant et le plus direct que j’ai fait aux cinéastes que j’admire. Le personnage principal de La Collectionneuse interprétée par Haydée Politoff, c’est un peu la Zahia Dehar de 1967. La scène d’ouverture  d’Une fille facile fait référence à ce film : on voit Zahia dans une crique de Cannes puis le titre apparaît sur son corps. Le génie de Rohmer est de filmer tous les fétichismes du corps, sans rien voler aux actrices. C’est incroyable cette puissance érotique que dégage Haydée Politoff : je crois que tous les baby-boomers étaient amoureux d’elle ! 

 

Foxes (titre français : Ça plane, les filles !) réalisé par Adrian Lyne (1980)

C’est le premier long-métrage d’Adrian Lyne : j’aurai voulu que la scène d’ouverture dure plus longtemps ! Avec les plans sur Jodie Foster et le titre On The Radio de Donna Summer ! Je crois que ce film est à l’origine de mon fétichisme pour les pieds de Jodie Foster ! Dans cette œuvre, il y a quelque chose qui raconte aussi le Los Angeles des années 70. Il y a une part sombre dans ce film qui raconte comment quatre jeunes femmes négocient leur passage à l’âge adulte.

 

Paparazzi de Jacques Rozier (1963)

C’est un documentaire sur le tournage du film Le Mépris de Jean-Luc Godard : c’est l’un des premiers Making-of du cinéma français. On plonge dans ce film avec la voix de Michel Piccoli qui parle à la deuxième personne. C’est une voix qui m’a habité toute ma vie. On est comme dans un pré-générique, presque un Cluedo, avec cette voix inquiétante. Godard était fasciné par Rozier. Et Rozier a approché Godard pour raconter la rencontre entre Brigitte Bardot et Michel Piccoli.

 

Birth de Jonathan Glazer (2003)

C’est l’un des plus beaux rôles de Nicole Kidman. Le prologue du film est incroyable : quelle autorité dans la mise en scène de Jonathan Glazer, avec une merveilleuse musique d’Alexandre Desplat. On sent dans cette scène qu’il va se passer quelque chose pour ce joggeur dans l’un des tunnels de Central Park. Et puis d’un coup, la musique s’arrête et ne reste que le bruit de la neige. Je remercie infiniment le réalisateur Teddy Lussi-Modeste de m’avoir montré ce film ! Il y a aussi cette scène incroyable à l’opéra où l’on voit sur le visage de Nicole Kidman que son personnage commence à croire que le petit garçon est la réincarnation de son mari décédé dix ans plus tôt. Et on a tous envie de croire à un arrière-monde, que les morts vont revenir !

 

Par Laura Lépine

 

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