Posté le 18.10.2025
Michael Mann donne sa vision du cinéma lors de sa masterclass.
© Olivier Chassignole
FAUST, MURNAU ET UN FROID DE CANARD !
Ma rencontre avec le cinéma remonte exactement à 1963. Je fais des études littéraires à l’université du Wisconsin et là pendant un cours d’histoire du cinéma, j’assiste à la projection du Faust de Murnau ; et par un froid de canard, le ciel s’est ouvert une main s’est tendue vers moi et une voix m’a dit « toi tu feras des films : tu seras réalisateur ! »
MAI 68 VS SOUTH PARK
En 1965 je suis à Londres pour étudier le cinéma. C’est une époque perturbée par le Vietnam et bientôt mai 1968 qui me conduit à Paris. Les manifestants ne voulaient pas parler aux médias américains, mais moi j’y suis parvenu et ai pu rencontrer Alain Geismar, Daniel Cohn-Bendit et Alain Krivine, un homme passionnant dont j’ai certainement utilisé les enseignements en écrivant Ali. On peut voir des similitudes entre la fin des années 60 et notre époque de turbulences. Mais la différence, c’est qu’aux Etats-Unis, il n’est que South Park à la télévision pour offrir une résistance !
© Olivier Chassignole
ATTEINDRE L’ÉMOTION
Dans Le Solitaire (1981) il y une part de critique sociale, que seuls les Français ont vue. Ça m'a quand même fait réfléchir. J’aurais dû procéder autrement, car le film n’a pas provoqué le choc émotionnel que je poursuivais. Le héros joué par James Caan naît de ma rencontre avec John Santucci, ancien braqueur qui plus tard me présentera Charlie Adamson, le flic qui m’a inspiré le personnage de Heat qu’interprète Al Pacino.
EN IMMERSION
Réaliser, c'est comme entrer en religion, entrer en immersion avec les héros. C'est vrai dans Révélations où je poursuivais l’idée qu’il fallait tout saisir de la peur que vit le personnage de Russell Crowe sans passer par les dialogues. Et idem pour Al Pacino, dévasté quand il comprend les limites du journalisme qu’il défend.
Propos recueillis par Carlos Gomez