Trois femmes
 

Posté le 19.10.2023

Une très jeune femme débarque de son Texas natal, pour travailler en Californie. Frêle, blême jusqu’à l’irréel, elle se lie d’amitié malaisante avec sa future coloc, la grande et brune Millie, toute de jaune pâle entourée.

Ensemble, elles rendent régulièrement visite à une troisième femme, une artiste qui repeint de dessins agressifs étranges les murs d’une piscine. Trois femmes est certainement un des plus beaux films de Robert Altman, un de ses plus mystérieux aussi. Il ne faut pas chercher de la logique à cette œuvre née d’un rêve d’Altman, qui signe par conséquent le scénario. Il faut plutôt se laisser porter par l’atmosphère aussi doucement hypnotique que torve. A travers le cheminement intérieur très miné de ces trois héroïnes, c’est le portrait d’une certaine Amérique qui se dessine.

Altman qui n’a cessé tout au long de sa carrière de travailler sur son pays, dévoile derrière les rêves aux couleurs acidulées de la Californie quand elle est idéalisée, une réalité de poussière, de constructions en toc, où aucun vrai contact ne semble possible, où l’on passe de l’état d’innocence presque débile, à celui d’un cynisme brutal et choqué.

Trois femmes, 1977 © DR

Paradoxalement, Altman n’envisage pas le destin de ses trois femmes comme une défaite. C’est davantage l’état de transformations, de métamorphoses autant physiques que morales, dictées par le territoire, qui semble le fasciner. Son film, accompagné par une musique minérale à la Chabrol des années 1960, paraît sans cesse chercher à suivre ses héroïnes en quête de solutions, leurs solutions pour survivre, quitte à ce que cela soit une version brumeuse et folle de la vie.

V. A.

SÉANCES

Trois femmes de Robert Altman (3 Women, 1977 2h04)
Institut Lumière (Villa)  - Jeudi 19 octobre à 21h
Cinéma Comoedia - Vendredi 20 octobre à 14h
Rillieux - Samedi 21 octobre à 20h