Dominique Blanc,

il était une foi…
 


Posté le 11.10.2025


 

Théâtre ou cinéma ? Cinéma ou théâtre ? Avec elle, la question ne se pose pas. Ne s’est jamais posée. Dominique Blanc, c’est fromage et dessert. Depuis toujours. 

 

MILOU EN MAI
© Nouvelles Editions du film / DR
Michel Piccoli et Dominique Blanc dans Milou en mai (1990) 

 

Elle n’est pas ce qu’on appelle « une star ». Trop secrète, trop discrète, trop consciente d’être un instrument au service d’un orchestre, quel que soit le chef qui la dirige. Bien sûr qu’elle a goûté parfois aux plaisirs du soliste. En attestent ceux qui l’ont vue, chez elle, à la Croix Rousse, dire La Douleur de Duras, mise en scène par Patrice Chéreau. Et pourtant, au théâtre comme au cinéma, c’est en groupe qu’elle jubile. Comme jadis petite au milieu de ses nombreux frères et sœurs. Dominique Blanc collectionne les César, en a remporté trois pour des films choraux : Milou en mai (1991), Indochine (1992) et Ceux qui m’aiment prendront le train (1999). 

Elle a douté pourtant, si souvent, d'être « faite pour ce métier », tant elle s’est cassée le nez : recalée trois ans de suite au concours du Conservatoire. De quoi décourager les plus motivées. Mais pas elle ; qui à l’entrée des années 80 fait mentir les mauvais présages de son père - opposé à son orientation - et s’accroche à ce que lui prédit le professeur de théâtre François Florent : « Toi, à partir de trente ans, tu n’arrêteras plus jamais de travailler. » « C’est quelque chose qui m’a maintenu la tête hors de l’eau, confie-t-elle. S’il avait cette intuition, c’était qu’il fallait que j’attende. C’était sécurisant »

En 1981 son ciel s’ouvre avec la rencontre chez Florent de Pierre Romans cofondateur du théâtre des Amandiers - « d’une sensibilité exceptionnelle ».  Il la présente à Patrice Chéreau qui l’engage au TNP Villeurbanne. Avec Chéreau, Dominique dit entrer « à l’école du regard  ». Deux films scellent leur entente miraculeuse. Ceux qui m’aiment prendront le train et La Reine Margot (1994) qui vaut à Dominique une nouvelle nomination aux César. « Il m’a en partie construite. Dans ses yeux, je me sentais véritablement exister. Quand vous êtes la quatrième d’une famille de cinq, on vous regarde derrière la meute. J’avais besoin de regards spécifiques. Patrice aimait la personne que j’étais, comme la comédiene ». Un compliment bouleversant à entendre. Dominique Blanc aurait pu l’adresser aussi à Régis Wargnier, le premier à la mettre en lumière dans La Femme de ma vie (1986) et à sacraliser sa singularité addictive avec Je suis le seigneur du château (1989). La même dédicace vaudrait aussi pour Michel Piccoli. Lui, admire Dominique au-delà du réel. Juste après leur collaboration sur Milou en mai, il la dirige dans deux films. Il assure que « Fellini n'aurait pas hésité » lui non plus ; « et Buñuel eût été passionné. » Une autre manière de dire que le Blanc, intemporel, ça va avec tout !  

Carlos Gomez

 

Master class
Rencontre avec Dominique Blanc
Dimanche 12 octobre à 11h au Pathé Bellecour

 

La programmation

Je suis le seigneur du château de Régis Wargnier (1989, 1h25)
UGC Astoria di 12 14h45 ST-SME | Institut Lumière (Hangar) lu 13 19h45

Milou en mai de Louis Malle (1990, 1h47)
UGC Confluence di 12 18h15 | Comœdia lu 13 11h15

L'Affût de Yannick Bellon (1992, 1h43)
Lumière Terreaux lu 13 14h45 | Comœdia ma 14 11h15

 

 

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