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Martin Ritt, cinéaste des héros ordinaires

Posté le 16.10.2025

M.A.R.T.I.N. R.I.T.T., qu’est-ce ça veut dire ? Voici quelques réponses pour cerner un réalisateur auquel Lumière rend hommage, l’homme d’une Amérique réelle, profonde, sans limite, avec amour et loyauté !

Maccarthysme. Martin Ritt est un cinéaste politique ! Jeune, il fit partie du Federal Theater, qui jouait des pièces de théâtre de la gauche radicale à travers l’Amérique. Cela lui valut d’être black-listé pendant la période du Maccarrthysme entre 1947 et 1950, et même plus tard. Alors qu’il dirige et produit des adaptations de pièces de théâtre pour la télévision, il est licencié pour sympathie envers l’URSS. Il en tire un film, Le Prête-nom : un homme apolitique prête son nom à un scénariste black-listé…

Acteurs. Ritt quitte la TV en 1956, et travaille avec Elia Kazan à l'Actor’s Studio. Rien d’étonnant pour celui qui à l’origine était comédien. Son acteur fétiche est Paul Newman dans des rôles de tenaces petits outsiders qui changent tout sur leur passage et prouvent que Newman est un grand acteur et homme de conviction, comme Ritt. De 1958 à 1967, avec Les Feux de l'été, Paris Blues, Le Plus sauvage d'entre tous, Hombre, ils enchainent les succès.

Racisme. Ritt a souvent fait travailler des acteurs afro-américains dans des rôles importants. Son premier film, L'Homme qui tua la peur, traite de l’amitié interraciale, thème rare à l’époque-, entre Sydney Poitier et John Cassavetes sur fond de trafics sur les docks à New York. On retrouve ce thème du racisme, cette fois-ci envers le peuple indien dans Hombre. Le héros est un blanc élevé par des indiens.

Théâtre. Après la Grande Dépression de 1929, Martin Ritt, né en 1914, s’engage, jeune homme, dans le Group Theatre, marqué à gauche, pour jouer sur les planches.

Idéaux. Ritt, qui vient d’un New York plus riche, les a forgés très jeune en voyant la pauvreté des états du sud de l’Amérique. Son cinéma sera celui qui dénonce les inégalités. Des films toujours à hauteur d’homme et dans tous les coins des U.S.A.

Norma Rae. Rôle-titre qui valut à Sally Field un Oscar pour cette héroïne, ouvrière qui se syndique et se bat pour ses droits.

Rambo. En 1973, la Warner engage Ritt pour diriger Paul Newman dans le rôle de l’outsider John Rambo ! Et Robert Mitchum dans le rôle du shérif ! Le projet ne se fera pas.

Intimité. Ritt filme aussi les êtres de l’intérieur. Les relations amicales ou amoureuses l’intéressent. Il les met en valeur la vie de couples dans Les Sensuels, les femmes seules dans Cross Creek/Marjorie, et Murphy's Romance, et, plus surprenant, l’âme d’un introverti dans le magnifique, L'Espion qui venait du froid.

Traître sur commande. C’est peut-être le plus grand film de Ritt, qui rassemble tout : la politique, le droit des travailleurs, l’amitié, l’amour… En Pennsylvanie, au XIXème siècle, un détective infiltre un groupe de mineurs de fond qui se révolte contre les propriétaires de la mine, avec Sean Connery, Richard Harris et Samantha Eggar.

Tribune. Ritt est solidaire de ses héros solitaires jusqu’à sa mort en 1990. Il leur offre des tribunes pour exprimer leur différence. C’est Norma Rae qui brandit sa pancarte de revendications, mais aussi Barbra Streisand au tribunal dans Cinglée, ou Jane Fonda pour Robert De Niro dans Stanley et Iris.

Virginie Apiou

La programmation

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