Posté le 18.10.2025
C’est du brutal. Si on voulait s’amuser à comptabiliser le nombre de coups de feu tirés dans ce film, on abandonnerait, vaincu, au bout de quatre minutes. A toute épreuve est le dernier film tourné à Hong Kong par John Woo et c’est comme si le cinéaste avait voulu s’offrir un baroud d’honneur avant d’aller planter sa caméra à Hollywood.

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À toute épreuve (1992)
L’argument est efficace : un flic gentil d’un côté (le charismatique Chow Yun-Fat), un trafiquant d’armes de l’autre et au milieu un infiltré (Tony Leung) dont on ne sait pas bien dans quelle équipe il joue.
Des dialogues caviardés d’injonctions à la fermer et de blagues gentiment salaces, des poursuites, des fusillades, à moto, en hélico, avec des armes de tous calibres dépeignent un Hong Kong aux mains des triades, ce qui est une réalité au début des années 90. « En quelques mois, c’est toute notre société qui se trouvait dévorée de l’intérieur par une criminalité parfaitement organisée et totalement incontrôlable » raconte alors le cinéaste. « Au même moment, les événements de la Guerre du Golf m’ont orienté vers cet élément des trafiquants d’armes sans foi ni loi ».
En creux, John Woo poursuit l’idée de rendre hommage à L’Inspecteur Harry dont Tequila Yuen (Chow Yun-fat) serait le petit frère hong-kongais. Le film trouve tranquillement son public, mais la critique dénonce la « violence du film », ce que le cinéaste récuse. « Elle n’est jamais gratuite et recouvre toujours une signification différente ». Quelques mois après, la criminalité grimpait en flèche et validait le scénario de John Woo. La mafia de Hong-Kong dénoncée dans A toute épreuve, tentait même de mettre la main sur l’industrie cinématographique, revendiquant menaces et meurtres sur des gens du métier.
Carlos Gomez
À toute épreuve/Hard Boiled de John Woo (Lashou shentan, 1992, 2h08, int -12ans)
UGC Confluence sa 18 16h30