Focus

Entre onze heures et minuit
 


Posté le 11.10.2025


 

« C’est incroyable, il a l’air d’une blague » dit un flic devant le cadavre du dénommé Vidauban, et sosie parfait d’un inspecteur aussi perspicace et intelligent, que prêt pour l’amour. 

 

ENTRE 11 H ET MINUIT
© Roitfeld-Francinex / DR
Entre onze heures et minuit (1949)

 

Avec une belle intensité, Louis Jouvet est ce policier, double physique d’une fripouille, dans cette « aventure d’un monsieur et d’une dame qui ne sont plus des enfants », dit l’héroïne jouée par la comédienne Madeleine Robinson. Bien que non crédité, on reconnaît, l’humour noir, mais aussi la poésie énigmatique et mélancolique teintée de sarcasme des dialogues d’Henri Jeanson. « Tout ce qu’on croit devient vrai » peut-on entendre comme un résumé de l’état idéal du spectateur devant un film.

« Dans l’ombre des rues, quand descend le soir, comme un chien perdu je vais sans espoir. Je cherche un beau rêve qui me fuit, mais je ne rencontre que la nuit… », exprime la chanson lancinante de ce polar qui se révèle, comme la plupart des grands polars, être aussi et surtout une histoire de sentiment, de relations humaines. Misant sur le grand désordre intérieur qui peut étreindre un être qui dit avec joie « Je vais aimer ! », Jouvet dévoile ses sentiments avec son phrasé si précis, sûr et surtout puissant, mais à voix quasi basse. Le secret de ce personnage emballant est sa capacité à assumer son tout nouvel amour tout en menant fermement l’enquête. Entre onze et minuit donne alors follement l’envie de suivre ses protagonistes dans cette histoire à deux avec une foule de témoins. Henri Decoin, qui plus tard livrera un autre chef d’œuvre sur la quête des sentiments, La Vérité du Bébé Donge (1952), place sa caméra comme un scientifique observerait avec un microscope des petits humains qui s’agitent et qu’il ne juge pas. Impossible de s’échapper. Les héros n’essaient même pas, car ce sont des adultes consentants. Et si la résolution de l’enquête est garantie, son accomplissement est insoupçonnable et bouleversant.

 

 

 

Virginie Apiou

Entre onze heures et minuit de Henri Decoin (1949, 1h40)
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