Giuseppe Tornatore

 l’homme-cinéma
 


Posté le 16.10.2024


 

Le scénariste et réalisateur italien de 68 ans, connu pour son chef-d’œuvre Cinema Paradiso (1988), revient notamment sur la genèse de ce film.

 

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Giuseppe Tornatore © Olivier Chassignole

 

 Au début…
Je suis rentré pour la 1ère fois au ciné à 6 ou 7 ans, j’étais avec mon père, et j’ai été saisi par cette salle de cinéma. Au début je pensais que les films naissaient vraiment dans la cabine de projection. Adolescent, j’ai commencé à faire des petits docus en super 8. Après l’un de ces docus j’ai été appelé par le siège régional sicilien de la RAI et j’ai commencé à bosser pour eux en tant que programmateur et réalisateur.

Cinema Paradiso
L’idée est née en 1977 soit onze ans avant de réaliser le film. En rentrant un jour dans mon village, le cinéma avait fermé. J’ai pu récupérer le matériel de la cabine de projection, alors des ouvriers démontaient les sièges, les rideaux, les lumières… C’était d’une tristesse infinie et je me suis dit que je devais faire quelque chose. Plus tard, dans les années 80, j’étais dans un climat d’insatisfaction et de mélancolie. Mon producteur m’a alors dit « Mais tu n’as pas un rêve dans ton tiroir ? » et je lui ai raconté Cinema Paradiso, raconter l’époque où les gens couraient au cinéma.

Le petit Toto
Je l’ai trouvé par une photo, il avait de trop grosses lunettes, on ne discernait pas vraiment son visage. On voyait juste qu’il était petit, mince, avec la peau mate. Vu que j’avais en tête Toto et Alfredo comme une petite souris et un éléphant, j’ai fait appeler cet enfant, je lui ai demandé comment il s’appelait. Il m’a dit « Salvatore, mais tout le monde m’appelle Toto ». Comme ce que j’avais écrit dans le scénario ! J’ai découvert un enfant extrêmement vif, espiègle, très intelligent.

 

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Giuseppe Tornatore © Olivier Chassignole

 

Les baisers coupés dans les pellicules
Un projectionniste m’avait raconté qu’il avait travaillé dans un ciné de paroisse géré par un prêtre, et ce prêtre avait l’habitude de visionner les films seuls. Quand une femme était présentée avec les jambes nues ou un baiser il faisait retentir sa clochette et le projectionniste devait couper la pellicule et enlever cette partie. J’ai voulu l’intégrer à mon film.

Les séances de cinéma très bruyantes…
Je garde le souvenir merveilleux du dimanche où on entrait dans une salle de ciné après le déjeuner, et on ne ressortait que pour le dîner. On avait vu le film trois fois d’affilée ! Il y avait aussi un système de « classes » avec en bas, les plus pauvres, qui faisaient le plus de bruit.

La réception du film à Cannes
Ça a été un énorme succès. Le film a été vendu dans de nombreux pays. Ça a été la résurrection du film ! Certains me disent : est-ce que les festivals servent à quelque chose ? Il ne faut pas me poser la question à moi ! Pour moi c’est fondamental ! Dans le bureau du producteur son assistant continuait à répéter « Cinema Paradiso a été imposé au public italien par les baïonnettes françaises ».

Propos recueillis par Fanny Bellocq

 

 

 

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