Karin Viard :

« Il faut écrire ses désirs, ses envies. »
 


Posté le 17.10.2023


 

Avec la générosité et la sincérité qu’on lui connaît, l’actrice Karin Viard s’est livrée sans fard au public du Pathé Bellecour à l’occasion de sa Master class. Un échange franc, drôle et lumineux, à son image. Extraits choisis.

06-KARINE-VIARD-MASTECLASS-Chassignole© Olivier Chassignole


SA VOCATION D’ACTRICE

C’est en voyant Anthony Quinn dans le film Notre-Dame de Paris que j’ai eu envie d’être actrice. La scène où l’on voit Quasimodo se balancer au sommet de la cathédrale Notre-Dame en hurlant sa douleur de ne pas être vu comme il voudrait, m’a foudroyée d’émotion. J’avais l’impression que le personnage s’adressait à moi. Je viens d’une famille complètement givrée : très jeune, j’ai développé un regard sur l’humanité qui m’a permis de me protéger. Comme personne n’attendait rien de moi, j’ai gagné en liberté : je pense qu’il faut écrire ses désirs, ses envies.

LA RENCONTRE AVEC SON AGENT, LAURENT GRÉGOIRE

Au Conservatoire d’art dramatique de Rouen, j’ai rencontré Franck Dubosc. A l’époque, il avait joué dans le film A nous les garçons et avait déjà un agent. Je lui ai demandé de m’aider à trouver un agent. Franck m’organise un rendez-vous avec son agent et me dit « Karin, tu viens bien habillée ». Alors, je me suis achetée une robe en satin et j’ai débarqué au casting à quatorze heures avec cette robe du soir ! Je n’avais pas les codes de ce métier (rires) ! J’ai bien vu que l’agent était sceptique, mais son assistant l’a convaincu de m’engager. Cet assistant, c’est Laurent Grégoire : il est devenu mon agent et mon ami. Laurent et moi avons échappé à notre milieu en faisant ce métier.

 

SA RELATION AVEC LA CINÉASTE SÓLVEIG ANSPACH

Sólveig a été très importante pour moi : c’était une amie très chère et une réalisatrice que j’admirais. Dès notre rencontre, nous avons entamé un échange intime, qui se passait de mot. Lorsqu’elle m’a proposé le rôle principal du film Haut les cœurs !, celui d’une femme enceinte atteinte d’un cancer du sein, je ne savais pas si j’en étais capable, j’avais l’image de la fille un peu rigolote. Mon agent m’a dit : « c’est un rôle qui ne se refuse pas ». Ce rôle a été très important, il m’a permis de me connecter à quelque chose de tragique en moi.

 

LE BIZUTAGE DES FRÈRES LARRIEU

Je reçois le scénario du film Un homme, un vrai des frères Larrieu, et je vois que dès la première scène je reçois mes amis seins nus pour une fête. Je me suis dit, c’est un cauchemar, qu’est-ce que c’est que ces vicelards ? J’ai refusé le rôle et lorsque j’ai vu le film, je me suis dit que j’avais été une conne. Quelques années plus tard, je leur explique que j’avais refusé le rôle à cause de la scène seins nus. Ils me disent : « mais tu aurais dû nous le dire, on aurait réécrit la scène ». Ils me proposent alors un rôle dans Les Derniers jours du monde et là, je vois que j’ai une scène où je dois m’asseoir nue sur le visage de Mathieu Almaric (rires) ! J’ai compris qu’ils me testaient, c’était comme un bizutage. Depuis, j’ai fait trois films avec eux et je les adore !


SA MÉTHODE DE PRÉPARATION D’UN RÔLE

J’apprends déjà le texte trois fois jusqu’à ce que je puisse le dire en faisant autre chose, c’est le minimum. Ce qui m’intéresse c’est la démarche intime pour jouer un sentiment : on réfléchit aux différentes possibilités de l’interpréter. Par exemple, on peut jouer l’agacement de façon très différente (elle mime la scène). Lorsque j’arrive sur le tournage, je me mets dans un état de disponibilité tel que je me sers de tout mon environnement pour nourrir le rôle.

 

 


Propos recueillis par Laura Lépine


 

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