Posté le 13.10.2025
« A quoi bon ressusciter d’entre les morts si c’est pour rabâcher toujours les mêmes vieilles histoires » dit Simon, le héros de L’Amour à mort.
© MK2
L'Amour à mort (1984)
Un soir, Elizabeth assiste à la mort foudroyante de Simon. Quelques minutes plus tard, Simon descend l’escalier. Il a ressuscité ! Rien ne sera plus jamais pareil pour ce couple qui venait à peine de se former. L’Amour à mort part d’un postulat impossible, pour voir la vie autrement, tirée à pile ou face. Portée par le quatuor le plus célèbre du cinéma d’Alain Resnais : Sabine Azéma, Pierre Arditi, Fanny Ardant et André Dussollier avec lesquels il tourne Mélo (1986), et On connaît la chanson (1997), cette tragédie absolue peut aussi être vue comme une des réflexions cinématographiques sur l’amour et la mort, parmi les plus prodigieuses. Entrecoupé par des visions, sorte d’interludes abstraits d’une atmosphère mêlée de flocons rythmée par une musique minérale, ce récit se développe en posant tout haut les questions que l’on ne s’avoue même pas tout bas. Doit-on forcément s’occuper de ses enfants ? Est-on obligé d’avoir une vie sociale ? La photo sacrée de Sacha Vierny illustre un scénario très intense, au calme halluciné, signé Jean Gruault (scénariste de La Chambre verte de François Truffaut, autre grand film sur l’amour à mort). L’ensemble de cette oeuvre est une longue procession où chacun dit une vérité de qualité. L’Amour à mort fait partie de ces films majeurs du XXème siècle qui pense haut et fort, nous donne à réfléchir profondément, sans ennui tant l’implication des acteurs est formidable. Sabine Azéma en jeune femme éperdue n’hésite jamais à se lancer de tout son être dans la bataille. Pierre Arditi, pour lequel la collaboration avec Alain Resnais est la grande aventure de sa vie au cinéma, tord tout son corps pour gérer le grand paradoxe de son personnage, un homme totalement sceptique et transcendé par ce qu’il aurait vu dans l’au-delà. Entre souffrance intense et grand bonheur, L’Amour à mort est un des films les plus étrange et radical à découvrir aujourd’hui, où sa rareté éclate encore davantage.
Virginie Apiou
L’Amour à mort d’Alain Resnais (1984)
Restauration 4K par MK2 Films.
Le film est labellisé Lumière Classics
Remerciements au distributeur MK2 Films
Comœdia di 12 17h45 | Institut Lumière (Hangar) lu 13 14h30 | Pathé Bellecour ma 14 10h45
L’Amour à mort est le premier Prix Patrimoine FIPRESCI au Festival Lumière. Ce prix 2025 est destiné à Sabine Azéma et Pierre Arditi.