Posté le 14.10.2024
À la découverte de l’homme qui a transformé le cinéma coréen : un voyage élégiaque et serein.
Walking in the Movies de Lyang Kim © DR
LE SUJET : un petit monsieur impassible (on ne le verra rire que dans la deuxième partie du film) arpente, d’une démarche à la fois solide et un peu bancale, les lieux qui ont fait sa gloire. Kim Dong-ho, 87 ans, a longtemps été fonctionnaire au ministère de la culture de Corée du Sud, puis le cinéma l’a happé : il a supervisé la construction de nouveaux studios, présidé la commission de contrôle (où laisser passer sans coupe The Crying Game ne fut pas une mince affaire), puis, à l’heure où d’autres prennent leur retraite, a fondé en 1996 le festival de Busan, au sud-est de la Corée, qui a contribué, et pas qu’un peu, à la circulation continentale puis mondiale du cinéma asiatique.
LA FORME : classique, avec images d’archives et témoignages (notamment celui, précieux, du grand cinéaste Im Kwon-taek) ; mais aussi poétique : notre antihéros contemple, perdu dans ses pensées, les lieux qu’il a traversés, regarde depuis chez lui la nature. À quoi pense-t-il ? Sans doute à ce qu’il a semé, puis récolté : la compagnie des artistes lui a permis de cultiver sa sensibilité, le voilà lui-même créateur, calligraphe, lecteur de poésie chinoise. Quelle sérénité !
LES + : où l’on découvre que les soirées joyeuses du festival de Busan se terminaient souvent par des tournées de soju, entre invités d’honneur assis sur un coin de trottoir ; que M. Kim a dansé fougueusement avec Juliette Binoche ; que le plus grand chic de cet homme singulier est bien de n’émettre aucune opinion, favorable ou non, sur les films qu’il a aidés à voir le jour…
Aurélien Ferenczi
Les séances :
Walking in the Movies de Lyang Kim (Younghwa cheongnyeon dong-ho, documentaire, 2024, 1h30)
Institut Lumière (Villa) lu 14 16h30