Un revenant de Christian-Jaque (1946) 

Posté le 12.10.2024

Un homme revient dans la ville de son adolescence, Lyon. Devenu un artiste puissant et célèbre, il entend se venger avec une agressivité teintée d’ironie contre ceux qui jadis l’ont obligé à fuir les lieux. Inspiré d’un célèbre fait divers local, Un revenant est un portrait formidable de Lyon, son architecture impressionnante, sa bourgeoisie des soyeux, redoutable.

Un revenant de Christian-Jaque, 1946 © DR

On se souviendra longtemps de cette sublime séquence en voiture, traversant les quartiers de la ville, trimballant une nostalgie très prenante quant à tout ce que les différents bâtiments symbolisent. Sur une musique très nostalgique d’Arthur Honegger, le cinéaste Christian-Jaque balance littéralement Louis Jouvet, tout en contrôle, dans ce rôle de Monte-Cristo moderne. L’acteur campe en effet un « revenant » à la morgue implacable, mais qui choisit l’humour plutôt que le tragique face aux fantômes de son passé merveilleusement étriqués et pathétiques. Face cette vieille génération mangée par l’argent et le souci de faire toujours prospérer l’entreprise par pur atavisme inconscient et relativement imaginatif, se dresse la jeunesse incarnée avec une candeur fougueuse par un François Périer merveilleux d’innocence qui rêve de devenir artiste. Un revenant n’est pas pour autant une histoire manichéenne, celle de la bourgeoisie confite face à un monde artistique au-dessus de tout matérialisme. Cette fine comédie aussi divertissante que passionnante est plus intrigante que cela car elle questionne mine de rien les êtres que fondamentalement nous sommes, la cruauté facile qui dort en chacun de nous et qu’il s’agirait de finalement savoir réfréner. Cela fait d’Un revenant une promenade acerbe, drôle, mais aussi tendre et intelligente grâce au ton donné par les dialogues admirables et tellement inventifs d’Henri Jeanson. « Tu es bien trop intelligent pour être de bonne foi » est une des répliques fabuleuses qui hante ce Revenant.

Virginie Apiou

Un revenant de Christian-Jaque (1946, 1h40, VFSTA)
Autre projection du film : Institut Lumière (Hangar) ve 18 16h30 | Lumière Terreaux di 20 11h