Livre

« Je viens et je fais des dessins. » 
 


Posté le 14.10.2025


 

Le cinéaste Michel Hazanavicius est parti en Ukraine en novembre 2023. Il en est revenu avec six carnets, devenus Carnets d’Ukraine, une série de portraits de femmes et d’hommes remarquables.

 

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© DR

 

Comment définir votre livre, Carnets d’Ukraine ?

Tout d’abord il faut dire que l’argent des ventes du livre va à une plateforme de dons, UNITED24. Carnets d’Ukraine est un voyage, l’aboutissement d’un engagement concret sur le long terme avec une population en guerre. C’est la cinquième ou sixième fois que je vais en Ukraine. Avec cet ouvrage, j’ai essayé de faire un objet qui est mon regard de citoyen français très privilégié dans le contexte exceptionnel qu’est une zone de guerre. Il fallait rester à hauteur d’homme en écrivant des portraits de gens comme vous et moi, qui combattent.

 

Quel ajout donnent vos dessins à cet ouvrage ?

Le dessin permet une intimité vers celles et ceux que j’ai rencontré. Il y a un échange beaucoup plus facile autour d’un dessin, plus profond. Il y a une histoire de temps qui intervient. Même si les dessins ne sont pas faits sur place, les Ukrainiens savaient que j’allais les dessiner. Ensuite, le dessin permet de faire abstraction du décor, de se focaliser sur une expression de quelqu’un à un moment donné. Je hiérarchise les informations. J’appuie sur le regard. Enfin le dessin, bien qu’il soit ici classique, réaliste, n’est pas une reproduction exacte de la réalité comme pourrait l’être une photo. Ça laisse beaucoup plus de place à l’imaginaire pour le spectateur.

 

Quelle est la bonne distance dans une zone de guerre quand on est visiteur ?

C’est vraiment exactement toute la complexité. Le sujet délicat, c’est la restitution de ce qu’on voit. La bonne place, ce sont les Ukrainiens qui vous la donnent, qui vous l’indiquent. Celle de la vie qui fait un vrai contrepoint avec l’effroi absolu de la guerre. Il y a de la place pour rire, pour avoir peur.

 

Que retirez-vous de cette expérience ?

Se rendre sur une zone de combat, -et je ne prétends pas avoir tout compris-, met tout en perspective. J’ai vécu plus de cinquante ans à me dire que la guerre faisait partie de l’histoire ancienne de l’Europe. Qu’elle soit à nouveau au centre de nos préoccupations change la perspective sur tout, sur la brutalisation des débats, la fragilité de la démocratie, le fait que rien ne soit acquis, autant de questions qui deviennent très concrètes. Se les poser maintenant donne le temps d’y réfléchir et de vivre différemment beaucoup de choses.

 

 Virginie Apiou

 

 

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RDV Cinéma 

AU VILLAGE DU FESTIVAL Mardi 14, 18h
Avec Michel Hazanavicius,  réalisateur
Discussion autour de son livre Carnets d'Ukraine (Allary), suivie d’une séance de signature.

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Catégories : Lecture zen