Posté le 12.10.2025
De Régis Wargnier à Claude Sautet en passant Patrice Chéreau, elle a tourné avec les plus grands cinéastes. La comédienne lyonnaise Dominique Blanc s’est livrée sans fard au public du Pathé Bellecour lors d’une émouvante Master Class. Généreuse, humble et teintée d’un humour ravageur : une rencontre à son image.
© Olivier Chassignole
Sa vocation
Gamine, j’allais au cinéma Pathé rue de la République avec mon frère Jean-Christophe. Il a été le premier à croire en moi. Et puis, c’est ma professeure de théâtre Janine Berdin qui a allumé la flamme. Je suis allée voir mon père et je lui ai dit : tu sais, ma professeure dit que je pourrai passer le concours du Conservatoire ». Il m’a dit répondu : « si c’est comme ça, tu peux prendre la porte ». C’était un peu dur. J’ai suivi des études d’architecture mais je n’étais pas heureuse alors je me suis inscrite au cours Florent en cachette. François Florent a tout de suite cru en moi. Vous savez, j’ai été recalée du Conservatoire trois fois ! Mais, j’ai eu ma revanche : des années plus tard, ils m’ont proposé de devenir professeure au Conservatoire et j’ai dit non !
Pierre Romans et Patrice Chéreau : le tandem fondateur du théâtre des Amandiers
Pierre Romans a été un choc artistique : il avait une sensibilité extraordinaire. Patrice Chéreau, c’est un miracle. Il est venu nous voir jouer une pièce de Tchekhov, on ne savait pas qu’il était dans la salle. Après cette pièce tous les comédiens avaient des castings, des propositions de tournage, sauf moi. En septembre, je reçois un message sur mon répondeur de Chéreau. Je croyais que c’était une blague ! Et puis, nous avons joué la pièce Peer Gynt d’Henrik Ibsen au TNP Villeurbanne. J’ai senti dans le regard de Patrice que j’étais légitime, ça m’a donné des ailes !
Avec Michel Piccoli, l’accord parfait
Je ne regarde jamais mes films mais quand Milou en mai passe à la télévision, je ne peux pas résister ! J’adore ce film et puis c’était un tournage merveilleux avec Michel Piccoli. Il m’a d’ailleurs engagé pour son court-métrage Train de nuit où je chantais la Marseillaise, puis dans son long-métrage La Plage noire. Il disait que lorsqu’il réalisait, il était tellement plus heureux que quand il jouait. Sur ses tournages, il était dans un état d’ivresse, de joie : il était porté par la grâce !
© Olivier Chassignole
Sa rencontre avec Leonardo DiCaprio
C’était sur le film Rimbaud Verlaine d'Agnieszka Holland, dans lequel il interprète Rimbaud. Leo était Rimbaud, ce gamin magnifique. Quand le film est sorti aux Etats-Unis, tous ses agents lui ont dit : « tu vas jouer dans Titanic, il est hors de question que tu joues un homosexuel ! » Le film est donc sorti en catimini. Au dernier festival de Cannes, Leo a rendu un hommage d’une extrême humilité à Robert De Niro. Après la séance, je suis allée le voir et il était exactement comme lorsque je l’ai connu : simple, spontané et ça, c’est rarissime !
Ses Projets
Je viens de tourner le film Jupiter d’Alexandre Smia…mais ce n’est pas une biographie sur qui vous savez ! C’est dommage, j’aurai pu jouer Brigitte ! Le pitch, c’est : « est-ce qu’il faut déclencher l’arme nucléaire ? » Denis Ménochet joue le Président de la République et j’interprète la ministre des Affaires étrangères. C’est la première fois que je suis Ministre ! Et puis je serai au théâtre à Paris avec les pièces Contre d’après la vie et l’œuvre de John Cassavetes et Gena Rowlands, Tartuffe et le spectacle musical La Ballade de Souchon.
Propos recueillis par Laura Lépine