Posté le 16.10.2025

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Que représente le fait d’être invitée d’honneur au Festival Lumière ?
C’est un immense honneur, et surtout une émotion. Le Festival Lumière, c’est le lieu où l’on célèbre la mémoire du cinéma, mais aussi son avenir. Être ici, avec YouTube, c’est symbolique : c’est reconnaître que la transmission, la passion et la découverte se vivent désormais sur plusieurs écrans, et que l’amour du cinéma reste intact, quel que soit le support. Je suis profondément attachée à cette idée : le numérique n’éloigne pas du cinéma, il le prolonge.
En quoi selon vous le Festival Lumière, avec son marché du film de patrimoine, est-il complémentaire d’un support comme YouTube ?
Le Festival Lumière fait exister le patrimoine dans toute sa splendeur : il restaure, il rassemble, il fait revivre les œuvres. YouTube, de son côté, prolonge cette vie en permettant aux films de continuer à circuler, à être partagés, commentés, transmis. L’un redonne la lumière aux films, l’autre leur offre une nouvelle audience.Cette complémentarité est essentielle : les œuvres de patrimoine méritent d’être vues partout, par tous. Et YouTube est un formidable accélérateur pour cela, c’est un espace où un film restauré peut rencontrer un adolescent, un enseignant, un passionné à l’autre bout du monde. Ensemble, nous œuvrons à la même chose : faire battre plus longtemps le cœur du cinéma.
Comment le cinéma de patrimoine intervient-il dans votre travail ?
Le patrimoine fait partie intégrante de l’écosystème YouTube. Nous travaillons avec des institutions, des studios, des chaînes, des cinémathèques, pour rendre accessibles des trésors du cinéma français et international. Ces contenus trouvent une seconde vie sur YouTube, ils éduquent, inspirent, émeuvent encore. Et c’est fascinant de voir à quel point les nouvelles générations se les approprient : analyses, hommages, détournements, essais vidéo… Les créateurs d’aujourd’hui revisitent le patrimoine avec leurs codes et leurs émotions. Cela prouve une chose : le cinéma de patrimoine n’est pas figé, il vit. Il est une source d’inspiration infinie, et il irrigue toute la création numérique contemporaine.
Quels sont les liens encore à développer entre le cinéma de patrimoine et YouTube ?
Nous avons déjà posé de belles fondations, mais le champ des possibles est immense.
Il faut continuer à accompagner les ayants droit pour qu’ils puissent valoriser leurs catalogues, à renforcer la découvrabilité des œuvres, et à inventer de nouveaux formats de médiation.
Je crois beaucoup aux passerelles : des entretiens, des chaînes de médiation culturelle, et notamment d'analyses et de critiques de cinéma exceptionnelles. Des chaînes comme Calmos ou Chronik fiction sont des sortes de “masques et là plume” version 2025. tout ce qui aide à redonner du contexte et du sens aux images. Et surtout, il faut continuer à parler aux jeunes. Les initier au patrimoine par des formats qu’ils comprennent, avec des visages qu’ils connaissent. Le cinéma de patrimoine n’a rien de poussiéreux. Il est une école du regard, de la narration, de la liberté. Et c’est exactement ce que cherche la jeune génération.
Si vous aviez un film de patrimoine à transmettre, lequel serait-il et pourquoi ?
La Vie est belle , de et avec Roberto Benigni. C’est un film qui me touche profondément, parce qu’il résonne avec mon histoire familiale. Une partie de ma famille a vécu cette période il y a 85 ans. C’est un film sur la survie, l’imagination et la dignité dans l’horreur. Il montre combien la famille, l’amour et la créativité peuvent rester plus forts que tout, même face à l’indicible. Je l’ai revu avec mes enfants, et il me bouleverse à chaque fois. C’est une œuvre d’une humanité immense, qui rappelle la puissance du cinéma.