Posté le 13.10.2025
A six ans, Mame quitte sa mère pour intégrer une école coranique afin de s’y instruire.
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Njangaam (1975)
Dans ce lieu, il ne trouve ni chemin spirituel, ni éducation, mais une exploitation d’une main d’œuvre non rémunérée par des adultes sans scrupules. Njangaam est un drame édifiant sur un système qui asservit les plus vulnérables loin de toute idée de spiritualité. Avec un sens du récit d’une grande simplicité, ce qui est si dur à atteindre, le réalisateur sénégalais Mahama Johnson Traoré oppose les dérives installées par une société inégalitaire, -le film fut longtemps interdit par le gouvernement-, à l’amour et la tendresse d’une mère qui demeure au loin. La caméra proche des visages, les cadres composés avec grâce, livrent un film d’une très grande beauté, qui flirte dans sa tonalité avec le même amour des autres, les liens entre personnages que l’on peut voir dans les films de Chaplin. Le choix de raconter et traiter comme un conte éternel avec toute sa cruauté et tragédie, une histoire moderne amène à découvrir des péripéties fatales inhérentes à une société terrible.
« Rentre dans ton foyer, c’est là que tu dois être », dit un homme autoritaire à la mère de l’enfant qui ne se remet pas du départ de son fils. C’est l’autre versant très actuel de ce film, montrer combien la condition des femmes et des enfants pauvres est soumise à un monde dominé par quelques hommes. Avec romanesque et talent, sans donner de leçon, sénégalais Mahama Johnson Traoré réalise un film où l’on réfléchit sans y réfléchir. Où l’on a pleinement envie de connaître à chaque image, la suivante.
Virginie Apiou
Njangaan de Mahama Johnson Traoré (1975, 1h27)
Restauration par la Cinémathèque Afrique et l'Institut français.
Remerciements à Sunu Films Production
Pathé Bellecour lu 13 17h15 | Institut Lumière (Villa) me 15 11h30 | Institut Lumière (Villa) me 15 11h45