Osez Ozu

  


Posté le 19.10.2023


 

Toujours semblables, et toujours renouvelés, les films de Yasujiro Ozu (1903- 1963) racontent encore et toujours la même histoire simple, toujours celle des mêmes personnes dans la même ville, Tokyo. Et nous touchent au cœur.

 

OZU EN 3 CODES

En six films projetés à Lumière, l’univers de Yasujiro Ozu se déploie selon des codes très précis. Film noir : Femmes et voyous (1933), drames sereins : Il était un père (1942), Récit d’un propriétaire (1947), Les Sœurs Munakata (1951), tragédie magnifique : Une femme dans le vent (1948), et comédie dramatique : Dernier caprice (1961), ont tous en commun une narration sourdement bouleversante dont le thème central est le cycle de la vie qu’il faut vivre au présent.

COUPLE ET PARENTS

La famille est le centre névralgique du cinéma d’Ozu. Elle se divise en deux grandes aventures intimes : celle du couple, en l’occurrence tragique d’Une femme dans le vent. Celle de la parentalité, autant du point de vue des parents que celui des enfants dans les mélos sublimes à la Chaplin : Il était un père, ou Récit d’un propriétaire. De ces liens très précis, Ozu tire un cinéma qui traite, avec sérieux et bouleversement, de l’inutilité de l’orgueil face à la réalité toujours plus profonde.

Ozu-Yasujiro© DR


ALCOOL ET JEUX

Chez Ozu on boit (beaucoup) et on joue. Jeux de Go et de mahjong dans Une femme dans le vent, Il était un père, Femmes et voyous... viennent occuper des personnages en quête d’eux-mêmes souvent sans trop le savoir, ou qui cherchent un certain oubli en buvant sec. L’oubli par le divertissement rend très universel le cinéma d’Ozu. On boit chez Les Sœurs Munakata, on s’arrête dans les bars de Dernier caprice. Boire, c’est aussi dire la vérité après voir bien joué.

KIMONO ET TATAMI

Le Japon par Ozu est telle une créature jeune, tiraillée, entre tradition et modernité. Les filles en kimono ou habillées à l’Occidentale pour aller travailler comme dactylo dans Femmes et voyous, assument leurs choix vestimentaires et de caractères. Car chez Ozu on ne se laisse pas faire. « Je suis une nature retorse », dit Mariko dans Les Sœurs Munakata, en lançant le fameux « regard Ozu », presque face caméra, caméra par ailleurs posée sur le tatami, afin que le spectateur prenne pleinement l’impact des paroles de ses personnages.

 



Virginie Apiou


 

SÉANCES

Femmes et voyous de Yasujiro Ozu (Hijosen no onna, 1933, 1h41)
Institut Lumière (Hangar) - Samedi 21 octobre à 11h30

Il était un père de Yasujiro Ozu (Chichi ariki, 1942, 1h32)
Pathé Bellecour - Vendredi 20 octobre à 10h45

Récit d'un propriétaire de Yasujiro Ozu (Nagaya shinshiroku, 1947, 1h12)
Lumière Terreaux - Samedi 21 octobre à 16h

Une femme dans le vent de Yasujiro Ozu (Kaze no naka no mendori, 1948, 1h24)
Lumière Terreaux - Jeudi 19 octobre à 11h
UGC Astoria - Vendredi 20 octobre à 11h

Dernier caprice de Yasujiro Ozu (Kohayagawa-ke no aki, 1961, 1h43).
Lumière Terreaux - Vendredi 20 octobre à 14h
Cinéma Opéra - Samedi 21 octobre à 19h
Cinéma Comœdia - Dimanche 22 octobre à 11h15

 

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