Patrimoine

Les anges qui veillent sur les films
 


Posté le 17.10.2023


 

Les co-directrices de la fondation Wim Wenders, Hella Wenders, la nièce de Wim, et Claire Brunel, invitées d’honneur du onzième Marché international du film classique, parlent de cette institution unique au monde.

 

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Alice dans les villes, 1974 © Wim Wenders Stiftung

 

Comment est née l’idée de cette fondation ?

C.B et H.W. : Wim Wenders a perdu les droits de ses films quand Das Werk, un laboratoire avec qui sa société, Road Movies, avait fusionné, a fait faillite. La création d'une fondation lui a permis de récupérer tous ces droits avec l'aide de la ville de Düsseldorf, du Land de Nord-Westphalie et de donateurs privés. Ces droits appartiennent à la fondation, une structure à but non lucratif autour de son travail, photos, livres etc.. Il nous manque encore certains titres, par exemple ceux de Hammett. La mission de la fondation de faire en sorte que les films soient vus. Elle offre aussi des bourses à de jeunes cinéastes, qui doivent résider en Allemagne : l’argent vient de la région, nous prêtons notre savoir-faire, Wim Wenders préside le jury annuel.


Vous gérez aussi la restauration des films ?

C.B et H.W. : Beaucoup de films ont été res-taurés en 2015, grâce à un accord avec la télévision allemande pour le 70ème anniversaire de Wim. En ce moment, nous restaurons Les Lumière de Berlin tandis que la version 4K de Nick’s movie a été montrée au festival de Bologne. Pour 2024, à l’occasion des 40 ans de Paris, Texas, nous aurons aussi une restauration 4K.


Sait-on quand un film de Wim Wenders passe à la télévision argentine ou philippine ?

C.B et H.W. : Il est difficile de connaître précisément la vie des films, les distributeurs locaux à qui nous cédons les droits ne nous tiennent pas toujours au courant. Il est facile de savoir ce qui se passe sur les territoires traditionnels, une partie de l’Europe, les États-Unis, Japon. Nous essayons de voir comment rendre accessible le cinéma de Wim Wenders dans des pays qui n’ont pas d’industries aussi fortes.


Quel est votre film préféré du catalogue ?

H .W. : Alice dans les villes, avec sa petite héroïne et son voyage avec cet adulte. J’ai appelé ma fille Alice ! J’ai aussi des liens très personnels avec Jusqu’au bout du monde : j’avais 11 ou 12 ans et mon frère et moi apparaissons dedans. Cela m’a fait une telle impression que j’ai voulu devenir cinéaste.

C. B. : Les Ailes du désir. À chaque fois que nous retravaillons sur un film, nous le parcourons image par image. Dans Les Ailes du désir, chaque plan signé Henri Alekan est merveilleusement composé et le noir et blanc stupéfiant. J’aime aussi sa vision de l'humanité : l'œil de compassion des anges, qui pourraient figurer une sorte d'humanité idéale, me touche beaucoup. Cette idée d'un regard empli d’amour sur l'autre est centrale dans le travail de Wim Wenders et dans son éthique de vie, également.




 Propos recueillis par Aurélien Ferenczi


 

 

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