« Les artistes sont des vampires. »
 

Posté le 19.10.2025

Raphaël Quenard en mode écrivain, sortait tout juste du tournage de La Sortie des usines Lumière dirigé par Michael Mann pour parler de son livre Clamser à Tataouine. 

© Jean-Luc Mège Photography

AU DÉPART 

J’écrivais sur mon ordinateur sans volonté de publication. Après je procrastinais quand Alix Penent ma précieuse éditrice de Flammarion m’a dit : « ça va sortir le 14 mai ! » Et là j’ai réalisé que je n’en avais jamais parlé à ma mère !

JE

Il y a quelques éléments très parcellaires qui sont très autobiographiques dans le livre, notamment la région d’où vient le héros, et le fait qu'il a un frère et une sœur. Et j’ai aussi utilisé certaines expériences qu'on m'a relaté. L’utilisation du « je », c'était pour être beaucoup plus immersif. Et mon personnage n'a pas de prénom, c'est un spectre, un fantôme, une nappe de brume pour semer et contaminer les autres avec son désespoir.

INSPIRATION

Ce sont des gens que j'adore Philip Roth et Charles Bukoswki… Les artistes sont des vampires, ils prennent l'inspiration partout, notamment dans le quotidien. Je l’ai prise chez ma mère, ma sœur ou mes amis… 

LIMITE

La vérité oblige à reconnaître que certaines phrases ont dû être supprimées. Après l’écriture c'est comme le foot, ça demande le moins de matériau de départ : une feuille, un stylo, une pensée… le sentiment de liberté, il est dévastateur !

HÉROS

Écrire sur un personnage est intime, on entre dans les entrailles de la psychologie, - ici malsaine-, d’un être. Mon héros cumule les mandats dans la transgression, mais tout à chacun a ça en lui. Un rien nous ferait basculer dans la plus ineffable monstruosité, mais le cerveau nous fait refouler ça et c’est rassurant. Et malgré les horreurs dont le héros se rend coupable, il y a parfois des digressions délicieuses et troublantes, et des moments d'empathie en ce qui le concerne. 

Virginie Apiou

© Jean-Luc Mège Photography