Posté le 11.10.2025
Sean Penn fait des films comme on débat, comme on se bat. Portrait d’un idéaliste.
© Working Title Films / DR
La Dernière Marche (1995)
Près de 80 films au compteur depuis ses débuts dans Taps (1981). 45 ans de carrière, mais pas une ride, sinon celles d’expression qui barrent son front d’homme chroniquement soucieux, préoccupé par la marche du monde. Son monde : l’Amérique. Le cinéma de Sean Penn raconte invariablement l’histoire de son pays, mais toujours à contre-courant de la liturgie officielle. C’est vrai pour chacun des films qu’il a réalisés, à commencer par The Indian Runner (1991), aride et désenchanté comme Highway Patrolman, la chanson de Springsteen dont il s’inspire. Sur fond de Vietnam, l’histoire de deux frères opposés sur la notion de patrie et ses supposées valeurs. Les films dont Sean Penn est l’interprète tendent un même miroir déformant et disent son profond mal-être : Bad Boys (1983) et Comme un chien enragé (1986) lui valent l’étiquette de « nouveau James Dean ». Chacun le met en scène dans une Amérique déshumanisée qui appelle la rébellion. Tout casser. Ça ne lui coûte guère. Rebelle il l’est dans la vie. Prompt à en découdre.
Les années 90-2000 ne vont pas être de tout repos, mais finissent d’asseoir son talent dramatique ; sa façon unique d’être intensément Sean Penn. Dans Outrages de Brian de Palma où il campe un soldat borderline ; dans La Dernière marche de Tim Robbins, il est un condamné à mort raciste. Il devient une bête à concours, qui partage avec Jack Lemmon le privilège d’avoir été récompensé dans les trois festivals qui comptent : Cannes, Berlin, Venise. Les Oscars ? Cinq fois nommé, deux fois vainqueur, série en cours, si on en croit le buzz provoqué par son numéro de voltige dans le récent Une bataille après l’autre de Paul Thomas Anderson : en militaire soupe-au-lait, Sean provoque à la fois l’effroi et le rire. Pile et face d’une versatilité sidérante jadis atteinte dans L’Impasse (1993) aux côtés d’Al Pacino.
Sean Penn dit que jouer la comédie c’est « construire une cage » dont on dessine les contours à partir du scénario. « Et si on a bien fait son travail - ce qui a été plus ou moins mon cas à différents moments, dit-il - on peut évoluer librement à l’intérieur ».
Parfois, tant d’intensité se retourne contre lui. Surtout s’il n’est pas en phase avec celui qui le dirige. « Je n'aime aucun réalisateur, déclarait-il il y a quelques années. Je ne m'entends avec aucun. Pleurnichards et sans point de vue ». Des exceptions ? Dennis Hopper qui l’a dirigé dans Colors (1988). Et Clint Eastwood (Mystic River, 2004). « L’une des rares légendes qui ne déçoit pas. » Sean Penn dit être devenu acteur « grâce à Robert De Niro », né comme lui un 17 août. Ses admirations sont sélectes : Philip Seymour Hoffman et Daniel Day Lewis – « le plus grand jamais vu à l’écran ». Connue est l’affection que Penn porte aussi à Dennis Hopper et Jack Nicholson. Le fils de Sean se prénomme Hopper Jack. Sa façon de remercier les anti-héros de Easy Rider (1969). L'œuvre qui lui a donné envie d’exister à contre-courant.
Carlos Gomez
Master class
Rencontre avec Sean Penn
Lundi 13 octobre à 15h au Pathé Bellecour
Séance exceptionnelle - Into the Wild
Halle Tony Garnier di 12 15h
The Indian Runner de Sean Penn (1991, 2h07, int -12ans)
Institut Lumière (Hangar) di 12 19h30 - Projection précédée de 11'09"01 - September 11 - Segment USA de Sean Penn (2002, 11min) | UGC Confluence lu 13 19h15 | Pathé Bellecour ve 17 20h30 | Institut Lumière (Villa) di 19 18h15 | Institut Lumière (Villa) di 19 18h30
Crossing Guard de Sean Penn (The Crossing Guard, 1995, 1h51)
Pathé Bellecour lu 13 20h | Lumière Terreaux ma 14 20h45 | UGC Confluence je 16 18h45
La Dernière marche de Tim Robbins (Dead Man Walking, 1995, 2h02)
Comœdia lu 13 10h45 | Pathé Bellecour lu 13 16h45 | Lumière Bellecour me 15 20h30 | UGC Confluence je 16 10h45