A Woman Heats the Sauna

Lumière Classics : 2. Trésors et curiosités

Au cœur de l’hiver, Anu (Ita Ever)se rend dans la maison de campagne appartenant à ses employeurs afin, pour leur rendre service, de préparer le sauna avant leur arrivée. Autrefois, elle vivait dans la ferme voisine avec sa fille et son mari Tõnis (Aarne Üksküla), dont elle est aujourd’hui divorcée. De nombreux souvenirs et questionnements refont surface.

Acteur, metteur en scène, scénariste et réalisateur estonien, Arvo Kruusement, né en 1928, étudie à l’Académie russe des arts du théâtre, dont il sort diplômé en art dramatique. Après un début de carrière au théâtre, il devient acteur puis cinéaste. En 1969, il adapte le grand roman classique Printemps (Kevade) d’Oskar Luts dans une œuvre éponyme, considérée par les critiques comme le meilleur film estonien de tous les temps. Ses répliques sont devenues célèbres et en 1970, il a été vu par plus d’un tiers de la population.

Avant la sortie du troisième volet de sa trilogie commencée avec Printemps, et continuée avec Été (1976), Kruusement réalise A Woman Heats the Sauna, adapté du roman Talvepuhkus de Villem Gross. Il met en scène Anu, une femme d’âge moyen, à qui ses employeurs demandent de préparer le sauna de leur maison de campagne, afin qu’il soit prêt pour leur arrivée. À l’époque, le sauna est un symbole de réussite, traduisant l’envie des Estoniens d’échapper à l’URSS et de vivre comme les Finlandais, dont les émissions télévisées étaient diffusées en Estonie.

Pour ce rôle, Ita Ever recevra en 1980 le Prix de la meilleure actrice lors du premier Festival du film de la République socialiste soviétique d'Estonie. « Ita Ever, qui est depuis longtemps une des comédiennes principales du Théâtre dramatique estonien, incarne le rôle d'Anu Soldam avec toute la pudeur nécessaire. Elle n'exprime pratiquement aucun sentiment, ou alors seulement en utilisant une fraction de sa voix ou de son regard. La performance de l’héroïne est caractérisée par la retenue et la précision ; on devrait peut-être même dire "une présence à l'écran" au lieu d'une "performance". L'expression laconique, l’esthétique du noir & blanc et la musique de Veljo Tormis contribuent dans le film à dissimuler les émotions douloureuses sous une légère couche de neige, presque invisible. [...] Mais il n'est pas nécessaire d'en dire plus – l'histoire, l’esthétique et les yeux des interprètes parlent d'eux-mêmes. » (Jaak Lõmus, Estonian Film Classics, avril 2023)