La Chimère

Les invités du festival / Avant-premières

Années 80. Arthur (Josh O’Connor) revient dans une petite ville au bord de la mer Tyrrhénienne. Il y retrouve sa bande de tombaroli, joyeux brigands avec lesquels il pille les sépultures étrusques et revend illégalement les vestiges qu’elles contiennent. Arthur a un don : il ressent le vide. Celui des sépultures, mais aussi celui qu’a laissé en lui son amour perdu, Beniamina.

Avec La Chimère, son quatrième long métrage, la jeune cinéaste italienne Alice Rohrwacher clôt son informelle « trilogie paysanne », commencée il y a presque dix ans avec Les Merveilles et poursuivie en 2018 avec Heureux comme Lazzaro. Sur les terres de son enfance, entre Ombrie et Latium, la cinéaste capte à nouveau les marginaux du système, regards et mains tournés vers le passé, porteurs d’une liberté et d’une magie à laquelle le monde moderne tourne le dos. «Nous sommes dans les années 80, explique la réalisatrice, ceux qui dé­cident de devenir "pilleurs de tombes", de fran­chir cette frontière tacite entre le sacré et le pro­fane, le font pour fouiller le passé, pour s’inventer une autre vie. Ils ne se sentent pas dépositaires de ce passé, n’ont pas vécu la même enfance que leurs parents, qui ont grandi près de ces tom­beaux antiques sans jamais les violer. Le monde leur appartient : ils peuvent pénétrer dans ces lieux secrets, ils peuvent briser des vases ou se les approprier. » Cette Italie des marges évoque aussi bien Pasolini que le grand photographe paysagiste Luigi Ghirri.