Les Îles enchantées

Lumière Classics : 2. Trésors et curiosités

Au début du XIX^e siècle, Pierre (Pierre Clémenti), un marin français, débarque sur une île déserte de l’Atlantique et découvre Hunila (Amália Rodrigues), qui a survécu seule pendant des années après la mort de sa famille.

Réalisateur franco-portugais, Carlos Vilardebó débute comme assistant-réalisateur pour Jacques Becker, René Chanas, Pierre Billon, Julien Duvivier, Jean Grémillon, puis Agnès Varda. Après une vingtaine de courts métrages, dont La Petite Cuillère, Palme d’or du court métrage en 1961, Vilardebó réalise son premier long en 1965.

Pour Les Îles enchantées, le cinéaste réunit la chanteuse Amália Rodrigues, reine du fado portugais, et le jeune acteur Pierre Clémenti, qui a tourné deux ans plus tôt dans Le Guépard de Luchino Visconti. Superbe adaptation d’une nouvelle de Herman Melville, auteur de Moby Dick, le film est tourné à Porto Santo, Madère et Lisbonne et sur les voiliers de la Marine nationale portugaise.

D’une grande élégance formelle, Les Îles enchantées est une œuvre aux allures de rêverie dont la critique saluera la mise en scène minutieuse et le superbe travail sur la lumière et les couleurs.

« On pourrait croire qu'il s'agit d'un film plein d'action, de mouvement, de rencontres imprévues, de périls difficilement surmontés. Et tout cela, en fait, existe dans ces Îles enchantées, qui sont d'ailleurs plutôt les îles du désenchantement, mais comme en filigrane. De ces événements multiples, rien ou presque ne nous est montré. Et il en va de même pour les sentiments : nous n'en percevons que les échos assourdis, les ondes exténuées. Reste le suc que le réalisateur a tiré de ce récit latent. Reste un chant très pur et très austère, un poème visuel, au cœur duquel les drames les plus atroces sont exprimés par un battement de cil, une certaine inclinaison de visage ; où un simple sourire résume un bonheur immense. […] dans ce goût poussé à l'extrême de la perfection formelle, dans cette qualité du regard, dans cette faculté de faire sourdre une poésie mystérieuse du réel, il me semblait découvrir entre le cinéaste et l'écrivain comme une secrète parenté. » (Jean de Baroncelli, Le Monde, 19 juin 1966)