Billetterie

The Million Dollar Hotel

de Wim Wenders , Allemagne, États-Unis , 2000

Prix Lumière : Wim Wenders

Un palace délabré à Downtown, quartier déshérité de Los Angeles. L'envers du décor, la poubelle de la Cité des anges, devenue la cour des miracles où survit une faune de marginaux livrés à eux-mêmes. Parmi eux, Tom Tom (Jeremy Davies) qui nourrit une passion pour Eloise (Milla Jovovich), un ange déchu qui fait le trottoir, sans qu’il puisse lui avouer son amour. Le Million Dollar Hotel devient le centre de toutes les attentions : un junkie charismatique, Izzy (Tim Roth), est tombé du toit. Accident ? Meurtre ? Skinner (Mel Gibson), agent du FBI, enquête sur la mort de ce marginal, en réalité fils d’un magnat des médias.

 Million Dollar Ho Tel Wim Wenders Stiftung Par Films Du Losange 5
© Wim Wenders Stiftung

Tout commence par la fascination de Bono, chanteur de U2, pour le Frontier Hotel, établissement décati de Los Angeles, et plus particulièrement pour son toit où trône encore l’enseigne d’origine du Million Dollar Hotel. Construit en 1914, c’était le plus haut et le plus prestigieux de la ville, Charlie Chaplin ou Dwight D. Eisenhower y séjournaient régulièrement. Depuis, il est devenu un hôtel à 300 dollars par mois, accueillant une faune hétéroclite, misfits comme travailleurs. Avec le photographe Anton Corbijn, Bono organise une séance photo de son groupe sur le toit et l’enseigne inspire le clip de Where The Streets Have No Name. Quand naît pour Bono l’envie d’y faire un film, c’est vers son ami Wim Wenders qu’il se tourne : son « regard absolument unique et formidable sur l’Amérique » est celui que cherche le chanteur.

The Million Dollar Hotel est un film protéiforme. Le temps d’une chute du toit, il déroule la vie d’une communauté de laissés pour compte : un "fils de", un homme qui se prend pour un chef indien, un autre pour le cinquième Beatles, et puis Tom Tom, gentiment différent, extrêmement sensible mais incapable de communiquer ses sentiments, qui porte un amour entier à Eloise, dépassée, elle, par ses émotions trop fortes. Sur fond d’enquête, le film est tout à la fois histoire d’amour et portrait de Downtown, L.A. Wenders a toujours su saisir les villes, la poésie – mais aussi le spleen – qui se dégage des rues, des lumières et des néons blafards. Au moment de choisir son casting, le cinéaste espère que l’alchimie prendra dans le groupe, et ce, même en dehors du plateau. Pendant le tournage, l’équipe cohabite avec les autres locataires de l’hôtel qui ne cessera pas son activité. Comme dans le film, les occupants apparaissent marginaux, fous pour certains, mais finalement, comparés au monde extérieur, passablement normaux.

C’est là une des questions du film : où est la normalité ? Parabole sur l’état du monde, The Million Dollar Hotel est plutôt mal reçu par la critique, considéré comme naïf par certains. Mais c’est bien la façon de filmer cette histoire qui prédomine, ce don du cinéaste pour rendre tangible la chimie des interactions humaines.

« Wenders instaure ici un rapport à l’espace et au temps pertinent et brutal. Il semble les fondre en une seule instance : il n’y a jamais d’un côté le lieu de l’action, et de l’autre le moment de son déroulement. L’espace et le temps sont traités ici comme des matières chimiques, soumises à des variations de pression, à la fois condensés – l’action est de peu de lieux et de jours – et dilatés. Ainsi se justifient ces nombreux ralentis ; pour reprendre une formule de Wong Kar-waï, ils sont : “un appel à une suspension des flux, une manière de laisser personnages et spectateurs jouir d’un regard, d’une atteinte à un bruit ou à une lumière”. » (Baptiste Piégay, Cahiers du cinéma n°544, mars 2000)

The Million Dollar Hotel
Allemagne, États-Unis, 2000, 2h04, couleurs, format 2.35

Réalisation Wim Wenders
Scénario Nicholas Klein, d’après une idée de Bono et Nicholas Klein
Photo 
Phedon Papamichael
Musique John Hassell, Bono, Daniel Lanois, Brian Eno
Montage Tatiana S. Riegel
Décors Robert D. Freed, Arabella A. Serrell
Costumes Nancy Steiner
Production Deepak Nayar, Bono, Bruce Davey, Nicholas Klein, Wim Wenders, Road Movies Filmproduktion, Kintop Pictures, Icon Productions

Interprètes
Jeremy Davies (Tom Tom), Milla Jovovich (Éloise), Mel Gibson (Skinner), Peter Stormare (Dixie), Jimmy Smits (Geronimo), Gloria Stuart (Jessica), Donal Logue (Best), Bud Cort (Shorty), Amanda Plummer (Vivien), Harris Yulin (Stanley Goldkiss), Conrad Roberts (Stix), Tom Bower (Hector), Richard Edson (Joc), Charlayne Woodard (Jean Swift), Tim Roth (Izzy Goldkiss), Julian Sands (Terence Scopey)

Présentation à la Berlinale 9 février 2000
Sortie en Allemagne 10 février 2000
Sortie en France
 15 mars 2000

Distributeur Les Films du Losange
Rétrospective "Wim Winders, d’un monde à l’autre" : ressortie en salle le 25 octobre 2023 par Les Films du Losange.
Restauration 4K par la Fondation Wim Wenders avec le soutien du Film Heritage Funding Program.

 

Séances
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