11’09’’01 – September 11 – Segment USA

Un vieil homme (Ernest Borgnine) vit seul dans un petit appartement new-yorkais, où le soleil ne perce jamais. Tandis que ses plantes s’étiolent à sa fenêtre, il continue de parler tous les jours à son épouse disparue.

11’09’’01 – September 11 est un film collectif, dont l’initiative revient au producteur français Alain Brigand. Onze cinéastes, tous originaires de pays différents, sont conviés à réaliser un court métrage pour donner leur vision personnelle des attentats du 11 septembre 2001, qui ont provoqué une onde de choc internationale. Chacun a carte blanche pour aborder le sujet, avec la seule contrainte de respecter une durée précise : 11 minutes, 9 secondes et une image. De Ken Loach à Samira Makhmalbaf, d’Alejandro González Iñárritu à Shohei Imamura, les signataires sont prestigieux et leurs contributions d’une grande diversité.

En charge du segment tourné aux États-Unis, Sean Penn choisit un angle décalé et traite l’événement historique par le biais de l’intime. Il concentre son récit sur un seul personnage, un veuf incarné par Ernest Borgnine, qui semble avoir perdu tout lien avec le monde extérieur depuis la mort de celle qu’il aimait. S’adressant à la défunte comme si elle se tenait encore à ses côtés, le vieil homme apparaît prisonnier d’un quotidien morne, plongé dans l’obscurité.

Par un montage privilégiant les plans brefs et serrés, le cinéaste saisit la solitude d’une existence où toutes les actions (se laver, manger, repasser, regarder la télévision…) se répètent en boucle. Le 11 septembre va produire une rupture dans ce temps figé. Lorsque les tours jumelles du World Trade Center s’effondrent, Sean Penn nous fait comprendre qu’elles obstruaient l’horizon du vieil homme, empêchant toute lumière de passer dans son salon. De façon poétique, le réalisateur livre ici une parabole sur le deuil : au moment où son protagoniste voit avec ravissement ses fleurs s’épanouir de nouveau, il prend aussi conscience que le passé ne reviendra plus.