American Graffiti

Grands films sur grand écran

Modesto, petite ville de Californie, en 1962. En plein été, quatre amis se retrouvent près du Mel’s Drive-in, avec l’intention de passer une soirée mémorable avant de se séparer. Steve (Ron Howard), Curt (Richard Dreyffus), John (Paul Le Mat) et Terry (Charles Martin Smith) viennent de finir le lycée et s’apprêtent tous à emprunter des chemins différents.

Succès retentissant aux États-Unis, American Graffiti s’affirme dès sa sortie comme un film générationnel. Il lance par ailleurs la carrière de nombreuses figures majeures du Nouvel Hollywood. George Lucas n’avait signé avant qu’un seul long métrage de science-fiction, THX 1138 (1971), coproduit par Francis Ford Coppola mais dont l’audience était restée confidentielle. Le triomphe d’American Graffiti permettra au cinéaste d’obtenir le financement nécessaire pour tourner La Guerre des étoiles (1977). Le casting d’American Graffiti réunit des acteurs encore inconnus, qui deviendront vite célèbres. Richard Dreyffus trouve ici son premier grand rôle avant d’être le héros des Dents de la mer (1975) et de Rencontres du troisième type (1977), tous deux réalisés par Steven Spielberg. Ron Howard se révèle aux yeux du public avant de s’imposer dans la série Happy Days. Harrison Ford incarne quant à lui un personnage secondaire.

Ancré dans un passé récent, le film est une chronique tendre et nostalgique de l’Amérique de Kennedy, dont les espoirs vont se briser sur la guerre du Viêt-nam. American Graffiti est aussi une ode à la jeunesse : entre amours naissantes et questionnements sur l’avenir, les protagonistes se retrouvent à un point de bascule qu’ils doivent négocier pour entamer leur vie d’adulte. Fixant les canons du teenage movie, George Lucas se plaît à capter les rituels de l’adolescence : bal de fin d’année, courses de voitures, passage au drive-in… Les couleurs sont resplendissantes et la bande-son empile les tubes rock’ n’roll, des Platters à Buddy Holly, des Beach Boys à Chuck Berry.

Divertissement mené tambour battant, American Graffiti charme la presse par sa fraîcheur et son ton novateur : « L’art suprême de George Lucas réside dans la construction du scénario, la manière d’imbriquer les histoires individuelles les unes dans les autres, sans nous laisser un moment de répit, en ayant soin de gommer la ponctuation, la musique populaire de l’époque balayant toute tentative de réflexion. » (Louis Marcorelles, Le Monde, 27 mars 1974)