Ashima

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Dans la province du Yunnan, au sud-ouest de la Chine, Ashima (Yang Likun) tombe amoureuse du berger Ahei (Bao Si’er) qui la séduit au son de sa flûte. Cependant Azhi (Han Fei), le fils de l’influent Rebubala (Cui Chaoming), convoite la jeune femme et se montre prêt à tout pour l’épouser. Lorsqu’Ashima refuse le mariage arrangé, la riche famille organise son enlèvement. Ahei décide de partir la sauver.

 © Shanghai Film Group

L’intrigue d’Ashima provient d’un poème traditionnel du peuple Sani, une branche de l’ethnie minoritaire Yi, traditionnellement implantée dans les régions montagneuses de Chine. Basé sur cette trame légendaire, le film conte l’histoire d’amour contrariée entre deux jeunes gens, qui voient leur idylle brisée par un clan puissant. Louée pour son intelligence et sa beauté, Ashima, dont le prénom signifie « aussi précieuse que l’or », est au centre de toutes les attentions : cette héroïne lumineuse, au destin malheureux, est interprétée par Yang Likun, qui a démarré sa carrière en tant que danseuse avant de triompher à l’écran dans Les Cinq Fleurs d’or de Wang Jiayi (1959).

Film musical, Ashima est intégralement chanté et s’apparente à un opéra, situé en milieu rural. Paroles et mélodies viennent prendre en charge les sentiments des personnages et les rebondissements de l’action. La mise en scène est constituée d’amples tableaux, qui accordent une place centrale à la nature. Les paysages du Yunnan (vallées, massifs, forêts) sont ici sublimés par l’usage de la couleur, encore rare à cette époque en Chine. Le réalisateur Liu Qiong fait notamment de l’eau un vecteur central du récit : éloignée de celui qui fait battre son cœur, Ashima lui transmet un message par la grâce d’un camélia qui remonte le cours d’une rivière.

Charmant l’œil par ses costumes folkloriques et ses décors majestueux, Ashima enchante aussi l’oreille par ses harmonies. Lyrique et touchant, le film est froidement accueilli par le régime maoïste, qui bloque sa sortie en 1964, jugeant qu’il promeut la suprématie de l’amour au détriment de la mobilisation de classe. Considéré pour cette raison comme une « herbe vénéneuse », Ashima n’atteindra son public qu’à la fin des années 70, une fois la Révolution culturelle terminée.