Belgique, 1930. À 21 ans, Gabrielle Van der Mal (Audrey Hepburn), fille d’un chirurgien renommé, entre comme novice au couvent, où elle fait le silencieux et difficile apprentissage de la vie de religieuse. Devenue Sœur Luc, elle essaye de se conformer aux règles de la communauté et de mettre de côté sa personnalité.
Lorsqu’il arrive sur les écrans français, Au risque de se perdre est devancé par son parcours outre-Atlantique : il est désigné par la presse américaine comme meilleur film de l’année et Audrey Hepburn comme meilleure actrice, Fred Zinnemann meilleur réalisateur, Edith Evans meilleure actrice dans un second rôle… La presse française se montrera plus réservée.
Avec une certaine économie narrative et une réelle sobriété (Fred Zinnemann refuse d’accompagner musicalement la scène finale, la laissant "brute"), le film suit plus de quinze ans de la vie de Gabrielle, devenue Sœur Luc. Entre espérances, errements et doutes, elle se forme en Belgique, avant de partir en mission en Afrique pendant plusieurs années auprès d’un médecin athée, puis de revenir dans une Europe en guerre, où les religieuses doivent faire preuve de neutralité. Avec le décès de son père sous le feu allemand, son déchirement intérieur est criant, sa foi vacille. Car Gabrielle a une ardente personnalité, indépendante et fière. Réfractaire à une obéissance aveugle, elle a jusque-là dû, par croyance, composer et étouffer qui elle était.
Dans ce film au long cours, le personnage de Gabrielle a le temps de se développer. Comme le soulignera plus tard Fred Zinnemann, « le caractère d’indépendance est présent dans toutes les actions. Lorsqu'elle arrive en retard au service religieux, son empressement trahit le calme intérieur qu'elle devrait développer. Ou lorsque les jeunes filles sont admises comme novices et se prosternent sur le sol devant la Mère supérieure, Audrey regarde d’un œil, la curiosité prenant le dessus. Sa performance est composée de dizaines de moments d'indépendance. » (Fred Zinnemann, An Autobiography, Bloomsbury, 1992) Loin des films de Wyler, Donen, Edwards ou Wilder, Audrey Hepburn livre un jeu tout aussi remarquable : « Sous le voile, les yeux baissés, volontiers taiseuse, la comédienne n'a évidemment pas l'éclat de Diamants sur canapé. Mais elle pétille autrement... Le film a manifestement compté pour elle, qui s'est impliquée plus que d'ordinaire, affinant son regard sur le monde et ses failles. » (Yves Allion, L’Avant-scène Cinéma n°694, juin 2022)
Au risque de se perdre (The Nun's Story)
États-Unis, 1959, 2h29, couleurs, format 1.85
Réalisation Fred Zinnemann
Scénario Robert Anderson, d’après le livre éponyme de Kathryn Hulme
Photo Franz Planer
Direction artistique Alexandre Trauner
Musique Franz Waxman
Montage Walter Thompson
Décors Maurice Barnathan
Costumes Marjorie Best
Production Henry Blanke, Warner Bros.
Interprètes Audrey Hepburn (Sœur Luc / Gabrielle Van der Mal), Peter Finch (le docteur Fortunati), Edith Evans (Mère Emmanuel), Peggy Ashcroft (Mère Mathilde), Dean Jagger (le docteur Van der Mal)
Sortie aux États-Unis 18 juillet 1959
Sortie en France 3 janvier 1960
Restauration Warner Bros. qui a fabriqué le DCP VOSTF en exclusivité pour le festival Lumière.
Remerciements au distributeur Warner Bros.
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