Dans un hôpital militaire, de nombreux paraplégiques tentent de se réadapter à la vie civile. Le lieutenant Ken Wilocek (Marlon Brando), rentré blessé du front, refuse de voir sa fiancée Ellen (Teresa Wright), persuadé qu’il ne lui inspire désormais plus qu’un sentiment de pitié…
Après Acte de violence et arrivé au terme de son contrat, Zinnemann quitte la MGM. Soutenu par son agent Abe Lastfogel, il décide de ne tourner désormais que des scénarios qu’il choisit. Il est bientôt approché par le producteur Stanley Kramer et le scénariste Carl Foreman, qui ambitionnent de tourner un film sur les vétérans de guerre et leur retour à la vie civile. Le projet enthousiasme Zinnemann, pour qui le scénario interroge les « rapports de l’individu avec la collectivité » (in Amis américains, Bertrand Tavernier, Actes Sud / Institut Lumière, 2019)
Le film est tourné à Birmingham, un hôpital pour vétérans près de San Fernando en Californie. Une grande partie du casting est campée par des patients, comédiens non-professionnels. Pour le premier rôle, Kramer propose Marlon Brando qui triomphe alors à Broadway. Mais le jeune acteur n’a encore jamais joué au cinéma. Il décide alors de vivre plusieurs semaines parmi les vétérans paraplégiques, de se déplacer en fauteuil roulant, afin d’inscrire dans son corps les gestes et empêchements de son personnage.
Sorti en salles au tout début de la Guerre de Corée, C’étaient des hommes ne trouve pas son public. Pour Zinnemann, le film considéré comme un film d’après-guerre ne pouvait correspondre à une époque d’entrée en conflit, et aucun proche de soldat, tout juste parti au front, ne pouvait envisager de voir ce film.
Pourtant, C’étaient des hommes est un film d’une grande justesse, vrai dans son propos et son traitement. Sur le fil, il ne bascule jamais dans le mélo, ni la romance. Sa réalisation proche du reportage et ses acteurs non-professionnels ajoutent au réalisme ambiant – héritage des mois passés auprès du documentariste Robert Flaherty. Les plans larges quant à eux signifient l’histoire collective de ces hommes, mais aussi leur devenir dans la société. Réquisitoire contre la guerre pour certains, le film de Zinnemann est terriblement fataliste pour d’autres. Il est surtout un film d’une grande dignité.
« Tel quel, The Men est moralement beaucoup plus fort, beaucoup plus honnête que son équivalent des années 70, Coming Home de Hal Ashby. Zinnemann et Foreman n'épargnent personne et l'on est étonné par la dureté de la peinture de tous les gens bien portants (du père de Jack Webb aux parents de Teresa Wright, sans oublier le patriote démagogue que brosse Ray Teal), par la prise de conscience collective, par l'honnêteté de la conclusion qui ne laisse planer qu'un demi-espoir. » (Jean-Pierre Coursodon & Bertrand Tavernier, 50 ans de cinéma américain, Omnibus, 1995)
C'étaient des hommes (The Men)
États-Unis, 1950, 1h25, noir et blanc, format 1.37
Réalisation Fred Zinnemann
Scénario Carl Foreman
Photo Robert De Grasse
Musique Dimitri Tiomkin
Montage Harry Gerstad
Décors Rudolph Sternad, Edward G. Boyle
Production Stanley Kramer, Stanley Kramer Productions
Interprètes Marlon Brando (Ken Wilocek), Teresa Wright (Ellen), Everett Sloane (le docteur Brock), Jack Webb (Norm), Richard Erdman (Leo Doolin), Arthur Jurado (Angel), Virginia Farmer (l’infirmière Robbins), Dorothy Tree (la mère d’Ellen), Howard St. John (le père d’Ellen)
Sortie aux États-Unis 25 août 1950
Sortie en France 17 octobre 1951
Restauration Paramount Pictures USA
Remerciements à Paramount Pictures USA et au distributeur Park Circus qui ont fabriqué le DCP VOSTF en exclusivité pour le festival Lumière.
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