Café de Flore

Invitée d’honneur : Vanessa Paradis

À la fin des années 60 à Paris, Jacqueline (Vanessa Paradis) élève seule Laurent (Marin Gerrier), son fils trisomique. De nos jours à Montréal, Antoine (Kevin Parent), un DJ réputé, s’est séparé de Carole (Hélène Florent), la mère de ses deux enfants, pour vivre avec Rose (Evelyne Brochu). Ces deux histoires, sans rapport apparent, finiront par se relier. 

Au départ c’est un simple titre de musique qui inspire le cinéaste québécois Jean-Marc Vallée, découvert en France avec son film C.R.A.Z.Y (2004), où il affichait déjà sa fibre mélomane. Le réalisateur écoute en boucle « Café de Flore », le morceau électro de Matthew Herbert, alias Doctor Rockit, à la mélodie obsédante construite autour de boucles et de variations. Cela lui donne envie d’en faire le motif récurrent d’un long métrage alternant deux intrigues distinctes, qui nouent un dialogue secret, dans un jeu de miroirs et d’échos. Dans la partie tournée en France, Vanessa Paradis incarne une mère courageuse, qui porte à son enfant un amour inconditionnel, quitte à sacrifier sa vie pour lui. Dans la partie tournée au Canada, le chanteur Kevin Parent tient son premier rôle à l’écran, jouant un homme tiraillé entre son actuelle compagne et son ancienne épouse. 

Jean-Marc Vallée multiplie les allers-retours entre le passé et le présent. Il laisse pendant longtemps le spectateur libre d’interpréter la manière dont ces deux récits s’articulent. La mise en scène, privilégiant un montage cut, nous plonge dans une sensation cotonneuse, favorisée par l’utilisation de ralentis et de flous. Cette impression de rêve est aussi renforcée par une bande originale planante, qui reprend notamment des titres de Pink Floyd ou Sigur Rós. Complexe et lyrique, Café de Flore est une œuvre audacieuse qui convoque de grands sentiments et sollicite notre croyance.    

« Cette histoire, c’est de l’orfèvrerie : minutieux mais très clair. Parce que, même si nous sommes à peu près tous fabriqués sur le même modèle, les gens ne sont pas des autoroutes. Le scénario raconte tout ça et l’on arrive à jongler entre deux histoires, séparées de quarante ans, sur deux continents, sans se perdre. C’est l’effet physique que cela me procurait qui m’a le plus plu. Avec les tripes ! » (Vanessa Paradis, StudioCinéLive n°34, février 2012)