Fuyant sa petite ville de campagne, Tsuyuko (Yumiko Nogawa) s’installe à Osaka. Elle devient hôtesse dans une boîte de nuit, le Club DaDa, où sa beauté attire la convoitise des clients. Rêvant d’être mannequin ou chanteuse, elle trace son chemin en devant constamment se battre pour conserver son indépendance.
Travaillant pour la Nikkatsu, Seijun Suzuki évolue dans un cadre strict et doit concevoir ses films dans un temps extrêmement court. Il ne reçoit le scénario que deux semaines avant le tournage, et la préparation se fait dans l’urgence. Seijun Suzuki réunit son équipe technique, choisit les décors et réfléchit à sa mise en scène très rapidement. Détaillant sa méthode, il déclare : « Pour le découpage des plans et les déplacements d’acteurs, c’est en général la veille que je me décide. Au bout d’une semaine de tournage, je commence à sentir vraiment ce qu’il faut faire. » (Cahiers du cinéma n°441, mars 1991) Pour boucler son film, le cinéaste dispose seulement de trois jours de montage.
Malgré cette économie de moyens, Seijun Suzuki tient la cadence et parvient surtout à insuffler sa patte aux projets qui lui sont attribués par le studio. Il apporte des modifications à l’intrigue, s’autorise de réjouissantes audaces esthétiques, qui séduisent la jeunesse. Après La Barrière de chair et Histoire d’une prostituée, il boucle avec Carmen de Kawachi une trilogie autour de la femme japonaise. Les trois films partagent la même actrice principale, Yumiko Nogawa, et mettent en valeur des héroïnes qui luttent pour survivre dans une société patriarcale, où leur corps est soumis au désir des autres. Dans Carmen de Kawachi, Tsuyuko doit ainsi régulièrement s’extraire de situations qui lui sont imposées : il lui faut chasser un homme plus âgé qui s’installe chez elle, repousser les avances de la patronne d’une agence de mode, se défaire d’un usurier qui lui demande de se promener nue dans son appartement afin de satisfaire son voyeurisme…
Comme son titre l’indique, Carmen de Kawachi fait écho à l’opéra de Georges Bizet, dont il reprend l’une des thématiques : la quête de liberté d’une jeune femme, soucieuse d’affirmer sa volonté. Yumiko Nogawa reprend au cours d’une scène le célèbre aria Habanera, dans une version rock chantée en japonais. La musique de Taiichiro Kosugi, inspirée par le flamenco, ponctue un film dont le récit ne cesse de rebondir de manière inattendue.
Carmen de Kawachi (Kawachi Karumen)
Japon, 1966, 1h29, noir et blanc, format 2.35
Réalisation Seijun Suzuki
Scénario Katsumi Miki, d’après un roman de Toko Kon
Direction artistique Takeo Kimura
Photo Shigeyoshi Mine
Musique Taiichiro Kosugi
Montage Akira Suzuki
Production Masatoshi Kurihashi, Nikkatsu
Interprètes Yumiko Nogawa (Tsuyuko Takeda), Koji Wada (Akira Sakata), Tamio Kawachi (Seiji Takano), Chikako Miyagi (Kiku Takeda), Ruriko Ito (Senko Takeda), Kayo Matsuo (Yukie), Yuko Kusunoki (Yoko Kashima)
Sortie au Japon 5 février 1966
Restauration 4K par la Nikkatsu Corporation
Ressortie au premier semestre 2026 par Carlotta Films
Remerciements au distributeur Carlotta Films
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