Comme un homme libre

Michael Mann : Prix Lumière 2025

Dans le pénitencier de Folsom, des prisonniers purgent leur peine. Les rivalités vont bon train entre les groupes noirs, portoricains et blancs. À l’écart de l’agitation et des trafics, deux jeunes détenus, Stiles (Richard Lawson) et son ami Murphy (Peter Strauss), un homme solitaire, aménagent un terrain pour servir de piste de course à pied. Bientôt les performances de Murphy sont repérées…

Michael Mann naît en 1943 à Chicago. Il grandit au nord de la ville, dans un quartier ouvrier, non loin du célèbre quartier populaire du Patch. À l’université de Madison, Wisconsin, il décroche un diplôme en littérature. Depuis quelque temps, il capte des images à l’aide de sa caméra Super 8, comme celles des manifestations étudiantes. Après avoir découvert Murnau et Pabst, il sait qu’il fera du cinéma son métier. Il s’envole alors pour l’Europe où il intègre en 1965 la London International Film School. Il y apprend la technique, mais aussi un art. Pendant ses années londoniennes, Mann tourne ses premiers courts métrages expérimentaux, se fait engager par l’antenne britannique de la 20^th Century Fox, crée sa propre société de production, réalise quelques publicités… En mai 1968, alors que Paris se retrouve en pleine ébullition, il y filme pour la chaîne NBC des images des émeutes. Des images bientôt utilisées pour le documentaire Insurrection. De retour aux États-Unis au début des années 70, Mann réalise 17 Days Down the Line, court métrage documentaire né d’un road trip à travers le pays. Puis c’est le temps de la fiction : Mann écrit, réécrit, pilotes, série, téléfilms, et finalement signe les premiers épisodes de la série Starsky et Hutch et travaille au scénario du Récidiviste avec Dustin Hoffman…

En 1978, il est choisi pour réaliser Comme un homme librepour la chaîne ABC. Il réécrit le scénario avec son auteur Patrick J. Nolan et évoque une condition au film : tourner dans l’enceinte de la prison d’État de Folsom en Californie. Pendant vingt-et-un jours, Mann filmera entre les murs de cet établissement sous haute surveillance, mêlant comédiens professionnels et prisonniers. Les lieux contraignent le tournage, les plans rendent palpables l’enfermement et la géographie de l’espace clos.

Dans la tradition des films de prison, Comme un homme libre questionne la place de l’individu dans les établissements américains, qui gardent sous les verrous des groupes indistincts, et celle des prisonniers dans une société qui les rejette. La prison est régie par des lois internes, certains groupes de détenus se portant garants pour les autorités de la tranquillité des lieux, faisant plier par la force les individualités.

Pour Murphy, incarcéré pour le meurtre de son père, le monde extérieur n’existe plus. Il court pour fuir l’ennui et une société dont il ne fait plus partie. Pour la direction de la prison, ses performances peuvent servir à la renommée de l’établissement. Et pourquoi pas viser les Jeux Olympiques ? La réalité reprendra ses droits.

« The Jericho Mile intègre la métaphore du coureur de fond attaché à une victoire solitaire au contexte du film de prison. Il renforce ainsi le caractère obscur, obsessionnel et démobilisateur de la performance sportive, ici complètement étouffée au sein de la prison. Privé de la reconnaissance générale qui couronnait le héros de Breaking Away ou Running, celui de The Jericho Mile est écrasé par le système. » (Christian Viviani, Positif n°233-233, juillet-août 1980)

Conçu pour la télévision, Comme un homme libre sortira finalement très rapidement en salles. Michael Mann est prêt pour le grand écran.