Dans une usine de textile, les ouvrières subissent un travail éreintant. Cadences infernales, bruit des machines, répétition des tâches, brimades des contremaîtres, tout contribue à une atmosphère insupportable. Lasses de baisser la tête face à de telles conditions, les femmes entament une grève spontanée, qui échappe aux représentants syndicaux. Elles séquestrent le directeur et font entendre haut et fort leurs revendications.
© DR MK2
Après la sortie de Camarades, Marin Karmitz se livre à une autocritique. Selon lui, le film porte un regard trop extérieur sur le monde ouvrier. Avec Coup pour coup, il remet en question sa méthode de travail. Il rencontre des ouvrières à Troyes, enregistre leurs témoignages pour nourrir le futur scénario. Prêt à s’engager au-delà de simples repérages, il se rend à Saint-Omer et s’implique dans une lutte en cours, faisant le piquet de grève avec les employées. Saisi par la force émanant de ces femmes, impressionné par leur capacité de résistance, Karmitz comprend qu’il doit travailler avec des ouvrières plutôt que des comédiennes professionnelles. Il renonce également à écrire leurs dialogues pour éviter tout risque de fausseté.
Le tournage du film se déroule à Elbeuf pendant deux mois, dans une usine désaffectée et transformée en fabrique de pantalons, avec une centaine de femmes dont certaines ont été recrutées au bureau de chômage. Sur la base d’un canevas, Karmitz discute avec elles du contenu de chaque scène et leur accorde une grande liberté d’improvisation. Il filme leurs répétitions puis introduit des ajustements en fonction de leurs retours.<span
Coup pour coup se présente comme la reconstitution d’un mouvement de grève avec des femmes qui connaissent bien le rôle qu’elles incarnent, et sans qu’aucune ne soit mise en avant. Le film n’est plus guidé par le seul point de vue d’un auteur, il devient l’œuvre de toute une équipe, unie dans le même but : rendre le pouvoir à celles qui restent d’habitude inaudibles.
« Il fallait faire un film sur la grève, parce que c’est une situation de lutte qui permet la prise de conscience, la transformation des gens et des choses. Ensuite cette grève devait être une grève de femmes. Pourquoi ? Parce que les femmes ont un double obstacle à franchir. Il leur faut prendre l’initiative de leur lutte et vaincre la condition qui leur est faite en tant que femmes, dans leurs rapports familiaux, avec leurs enfants… »
(Marin Karmitz, Positif n°138, mai 1972)
Coup pour coup
France, République fédérale d’Allemagne, 1972, 1h30, couleurs, format 1.33
Réalisation & scénario Marin Karmitz
Photo André Dubreuil
Production Marin Karmitz, MK2 Productions, Cinéma Services, WestDeutscher Rundfunk
Interprètes Simone Aubin, Jacqueline Auzellaud, Elodie Avenel, Antoinette Barrois, Ginette Bellegueule, Aïsha Benfatta, Martine Blé, Agnès Bouloche, Marie-Madeleine Carton, Lucie Chemin, Florence Cian, Jeannine Clouet, Nelly Debert… (les ouvrières)
Sortie en France 25 février 1972
Restauration 2K mk2 Films supervisée par Marin Karmitz aux laboratoires Eclair et Diapason, avec le soutien du CNC.
Remerciements au distributeur mk2 Films
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