Freddy Gale (Jack Nicholson) est inconsolable depuis la mort de sa fille Emily, renversée par un chauffard. Ivre lorsqu’il conduisait, John Booth (David Morse) finit de purger sa peine de prison et reste hanté par le crime qu’il a commis. Après six ans de détention, il espère reprendre une vie normale à sa sortie. Mais Freddy l’attend et n’a qu’une idée : se venger.
Second long métrage de Sean Penn, Crossing Guard trouve son origine dans le questionnement du réalisateur sur la perte d’un enfant, et les sentiments qu’un tel drame peut inspirer : « C'est venu avec la paternité. J'ai eu une fille et je me suis mis à cauchemarder, à imaginer ce qui pouvait lui arriver. J'essayais de fixer ça sur le papier quand le fils d'Eric Clapton est mort en tombant par la fenêtre. Qu'est-ce que j'aurais fait face à une telle catastrophe ? Et j'ai démarré le scénario. » (Libération, 15 novembre 1995)
L’ouverture du film nous présente en parallèle trois personnages, liés par un passé commun qu’ils ne peuvent oublier. Jack Nicholson campe un père enfermé dans son chagrin, qu’il tente vainement de noyer dans les clubs de striptease, où il boit abondamment. Anjelica Huston joue la mère endeuillée, qui s’est depuis remariée et panse sa douleur en participant à des groupes de parole. David Morse interprète l’homme responsable de leur malheur : rongé par une forte culpabilité, il est cependant lui aussi incapable de s’alléger de son fardeau. Sean Penn glisse ainsi d’un point de vue à l’autre, donne à son récit une grande épaisseur humaine, loin de tout manichéisme. Si Crossing Guard se resserre autour de la confrontation entre John et Freddy, leur face-à-face est marqué par une ambivalence : le chauffard, qui n’arrive pas à se pardonner son crime, se révèle avoir un caractère doux, tandis que le père, obsédé par son désir de l’abattre, est animé par la violence.
Sean Penn filme ces êtres brisés comme des spectres errant dans la ville, et utilise souvent des ralentis pour suspendre leur marche, comme dans le générique de début, où Jack Nicholson déambule au milieu de la foule, au rythme de Missing de Bruce Springsteen. L’atmosphère fiévreuse du film est renforcée par la photographie du chef opérateur Vilmos Zsigmond, qui dans les années 70 a travaillé avec Robert Altman, Michael Cimino, Brian De Palma ou encore Steven Spielberg.
Crossing Guard (The Crossing Guard)
États-Unis, 1995, 1h51, couleurs, format 1.85
Réalisation & scénario Sean Penn
Photo Vilmos Zsigmond
Musique Jack Nitzche ; Bruce Springsteen, Hadda Brooks, Dead Can Dance, David Baerwald, Nina Simone, Adam Ant, Jewel…
Montage Jay Cassidy
Décors Michael Haller
Costumes Jill Ohanneson
Production David S. Hamburger, Sean Penn, Miramax
Interprètes Jack Nicholson (Freddy Gale), David Morse (John Booth), Anjelica Huston (Mary), Robin Wright (Jojo), Piper Laurie (Helen Booth), Richard Bradford (Stuart Booth), Priscilla Barnes (Verna), John Savage (Bobby), Robbie Robertson (Roger)
Présentation à la Mostra de Venise septembre 1995
Sortie aux États-Unis et en France 15 novembre 1995
Remerciements à Park Circus
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