Hérédité

Nuit Voyage au bout de l'horreur en présence d'Alexandre Aja

Lorsque Ellen, matriarche de la famille Graham, décède, sa famille découvre des secrets de plus en plus terrifiants sur sa lignée. Une hérédité sinistre à laquelle il semble impossible d’échapper.

« Hérédité mobilise tous les sens, tous les mécanismes de défense. Il faut absorber les chocs, amortir les traumas qu’Ari Aster dispense deux heures durant, adroitement, perversement, plutôt que brutalement. » (Thomas Sotinel, Le Monde, 13 juin 2018)

C’est avec une grande maîtrise technique et formelle qu’Ari Aster délivre son premier long métrage. Ses précédentes réalisations – des courts métrages repérés en festivals – évoquaient déjà les traumatismes domestiques. Ici, la tragédie familiale du deuil devient cauchemar éveillé. 

S’inspirant d’une mauvaise passe personnelle et d’un sentiment d’appartenir à une « famille maudite », le cinéaste conte l’histoire de cette famille américaine en proie à des forces obscures. Vivant une série d’événements atroces, ils n’ont aucun pouvoir, prisonniers d’une situation contrôlée par des éléments extérieurs. La mère (campée par une exceptionnelle Toni Collette) est artiste plasticienne, et recrée des scènes de vie familiale à travers des maquettes et personnages. Ainsi, dans une sorte de mise en abyme, ces maisons de poupées lui donnent le sentiment illusoire de dompter une existence par ailleurs traumatique. 

Fresque baroque qui n’est pas sans rappeler ses augustes prédécesseurs des années 60 et 70, Hérédité, convoquant les angoisses les plus existentielles, explore psyché et surnaturel. Insidieusement, Ari Aster installe le malaise, au son des cuivres de Colin Stetson (collaborateur de Lou Reed, Bon Iver, Timber Timbre, The National ou encore LCD Soundsystem), auteur d’une bande originale organique et troublante.

« Le cinéaste surdoué maîtrise son récit avec une précision glaciale (les plans et mouvements de caméra sont story-boardés au millimètre près) et un sens du rythme remarquable, qui prend à rebours toutes les ficelles du genre (ne vous attendez pas à un florilège de jump scares, le film diffuse sa peur, tranquillement, comme un doux venin). » (Ludovic Béot, Les Inrockuptibles, 13 juin 2018)