Alors que les clients et pensionnaires du modeste Hôtel du Nord, au bord du canal Saint-Martin, participent à une petite fête, un jeune couple, Renée (Annabella) et Pierre (Jean-Pierre Aumont), vient demander une chambre. À bout de ressources, ils veulent mourir ensemble. Pierre tire sur Renée, mais n’a plus ensuite le courage de se suicider. Il s’enfuit. Monsieur Edmond (Louis Jouvet), un homme mystérieux, souteneur de Madame Raymonde (Arletty), porte secours à Renée, seulement blessée.
Lorsqu’il tourne Hôtel du Nord, Marcel Carné a déjà réalisé Jenny et Drôle de drame avec Louis Jouvet et Michel Simon et le célèbre Quai des brumes avec Jean Gabin et Michèle Morgan. C’est le producteur Joseph Lucachevitch qui propose à Carné de tourner avec Annabella, vedette qu'il a sous contrat. Le réalisateur propose d’adapter un roman d'Eugène Dabit, que la star, installée à Hollywood, connaît et apprécie également. L’affaire est entendue, Carné tournera le seul film français d’Annabella de 1938.
Jacques Prévert, alors aux États-Unis, ne pouvant participer au film, le scénario est confié à Jean Aurenche et à Henri Jeanson, ce dernier se chargeant seul des dialogues. Davantage chronique populiste des faubourgs parisiens que roman à intrigue, le texte de Dabit se voit remanié par les scénaristes : le couple qui veut se donner la mort vient d’un fait divers relevé par Aurenche dans Paris-Soir, les prénoms des uns sont donnés à d’autres personnages… Et surtout, ils développent le couple formé par Monsieur Edmond et Madame Raymonde au détriment de celui de Renée et Pierre, car Jeanson goûte peu le talent d’Annabella. Et de son propre aveu : « C’est que nous avions là deux acteurs extraordinaires et qui nous inspiraient. Deux types originaux, deux phénomènes : Louis Jouvet avec sa diction saccadée, sa silhouette inquiétante et poétique, son œil de brochet. Arletty, avec sa vulgarité racée, sa voix d’oseille, sa percutante présence, son ironie involontaire, sa mélancolie acidulée. Il n’y avait qu’à se laisser aller. ». Dans ce film d’un réalisme noir sur des vies tristes et douloureuses et des amours impossibles, Arletty, dotée de son accent parisien traînant, est pour le réalisateur « l’âme du film. Non seulement elle faisait passer, mais elle transcendait certaines répliques, certains mots d’auteurs que je n’aimais guère à cause de leur pittoresque outré, comme la fameuse "atmosphère" à laquelle son talent, sa magie d’artiste, firent le succès que l’on sait. » (Marcel Carné, La Vie à belles dents, Éd. Jean-Pierre Ollivier, 1975) Quant à Jouvet, dans un inhabituel rôle de déclassé, il excelle.
Hôtel du Nord
France, 1938, 1h35, noir et blanc, format 1.37
Réalisation Marcel Carné
Scénario Jean Aurenche, Henri Jeanson, Marcel Carné, d’après le roman Hôtel du Nord d’Eugène Dabit
Dialogues Henri Jeanson
Photo Armand Thirard
Musique Maurice Jaubert
Montage Marthe Gottie, René Le Hénaff
Décors Alexandre Trauner
Costumes Lou Tchimoukov
Production Joseph Lucachevitch, Impérial Films Production
Interprètes Annabella (Renée), Jean-Pierre Aumont (Pierre), Louis Jouvet (Monsieur Edmond), Arletty (Raymonde), Paulette Dubost (Ginette), Andrex (Kenel), André Brunot (Émile Lecouvreur), Henri Bosc (Nazarède), Marcel André (le chirurgien), Bernard Blier (Prosper), Jacques Louvigny (Mimar), Armand Lurville (le commissaire), Jane Marken (Louise Lecouvreur), Génia Vaury (l'infirmière), François Périer (Adrien), René Bergeron (Maltaverne)
Sortie en France 10 décembre 1938
Restauration 2K par MK2 Films.
Remerciements au distributeur MK2 Films
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