Knock

L'art de Louis Jouvet

Dans le village de Saint-Maurice, le docteur Knock (Louis Jouvet) succède au docteur Parpalaid (Jean Brochard) et reprend sa clientèle. Mais celle-ci est rare, les habitants se portent à merveille. Knock applique sa maxime : chaque personne en bonne santé est un malade qui s’ignore…

En 1923, la pièce Knock ou le Triomphe de la médecine de Jules Romains est montée à Paris, dans une mise en scène de Louis Jouvet, qui en interprète également le rôle-titre. Un véritable succès sur les planches, qui donne naissance en 1925 à une première adaptation au cinéma, dans une version muette de René Hervil. La pièce devient une légende du théâtre, jouée dans le monde entier : elle aurait même sauvé de la faillite, à plusieurs reprises, Louis Jouvet et ses théâtres. En 1933, une deuxième version est coréalisée par Jouvet et Roger Goupillières, dans laquelle le comédien reprend son rôle de Knock.

Après-guerre, en 1951, le jeune cinéaste Guy Lefranc réalise une nouvelle adaptation. Près de trente ans après la naissance du personnage sur les planches, Louis Jouvet endosse, une dernière fois, le costume du célèbre médecin. C’est peut-être le rôle de sa vie : Knock, le manipulateur, motivé par l’appât du gain, le pouvoir, profitant de sa position d’autorité et de la naïveté de ses patients… Dans ce film drôle et acerbe, on rit des patients, en proie à des maux invisibles.

« Des acteurs solides : Pierre Renoir, vieux compagnon, l’inattendue Marguerite Pierry, Jean Brochard, Pierre Bertin, Jane Marken épaulent Jouvet qu’on dirait statufié dans sa composition légendaire. Il détaille le texte, retrouve les intonations célèbres, la gratouille et la chatouille. » (Olivier Barrot et Raymond Chirat, Salut à Louis Jouvet, Éd. du Rocher, 2002) Jouvet connait son rôle par cœur, son texte à la virgule, au souffle près. Pour autant, il fait confiance au jeune cinéaste qui le dirige : « Il a été merveilleux pour moi. L’interprète idéal. Même pendant le tournage de Knock qu’il jouait depuis vingt-sept ans, et dont il connaissait toutes les habitudes, toutes les nuances, il s’en remettait à moi. Et si j’interprétais différemment un passage, il me critiquait mais n’intervenait pas. Ce n’était pas son métier, il était le premier à le dire. » (Guy Lefranc, L’Écran français, 22 août 1951)