Isabelle (Dominique Blanc) revient au pays après dix ans de galère, avec un petit garçon qu’elle connaît mal, le sien. La vie les a bousculés et séparés, mais Vincent (Mickaël Tisseur) et sa mère veulent croire en un nouveau départ. Jean (Tchéky Karyo) prend des oiseaux dans ses filets, les bague et les relâche. Il partage son temps entre l’ornithologie et son métier d’instituteur. Comme Isabelle, il aimerait oublier un passé douloureux. Entre eux, c’est tout de suite une histoire d’amour.
« Dans tous ses films, Yannick porte un même regard lucide et tendre sur ces êtres humains qui tracent leur chemin dans le refus de la soumission et la reconquête de leur dignité. En ce sens, on peut parler d’une cinéaste humaniste et profondément engagée. » (Éric Le Roy, in Yannick Bellon, toute une tribu d’images, Michel Sportisse, Le Clos jouve, 2023) Fille de la photographe Denise Bellon, Yannick Bellon grandit dans un milieu d’artistes proche des surréalistes. Très vite attirée par le cinéma, elle intègre l’IDHEC et débute sa carrière par des courts métrages documentaires remarqués, travaille alternativement comme monteuse et réalisatrice, puis crée sa maison de production Les Films de l’Équinoxe.
Avec L’Affût – sa dernière réalisation pour le cinéma –, Yannick Bellon, plus habituée des récits citadins, s’aventure sur les chemins de la Dombes. Les paysages constellés d’étangs, la lumière particulière, l’atmosphère brumeuse, tantôt magique, tantôt triste, constituent la toile de fond de cette chronique rurale d’une idylle contrariée, celle de deux déracinés. Tous les personnages ont un lien à part avec le territoire : Isabelle essaye de se reconstruire une vie avec ce fils dont elle récupère la garde, revenant sur les terres qui l’ont vue grandir, tandis que Jean, récemment installé, rêve d’y créer une réserve naturelle, se confrontant aux traditions locales, comme la chasse, transmise de père en fils.
L’Affût est mal reçu par une partie de la critique qui le taxe de manichéisme. La cinéaste réfute l’idée même du film à thèse. S’il interroge le rapport à la nature – et par extension le rapport au vivant, à la vie –, le film n’épargne pas ses personnages, qui ne sont jamais exempts de critiques. Ils sont dessinés avec délicatesse, et les comédiens dirigés avec justesse : Tchéky Karyo joue de sa présence physique mais également fragile et Dominique Blanc (qui retrouve sur le tournage les paysages des vacances de son enfance) évolue avec pudeur et retenue. « [Elle] est très simplement admirable en paysanne frottée aux galères de la vie urbaine, en mère célibataire capable de revendiquer et de gagner sa liberté sans entamer celle des autres. Constamment, la mise en scène part d’elle et y revient. » (Jacques Siclier, Le Monde, 28 février 1992)
L'Affût
France, 1992, 1h43, couleurs, format 2.35
Réalisation Yannick Bellon
Scénario Yannick Bellon, Rémi Waterhouse, avec la collaboration de Michel Fessler et Benjamin Legrand
Dialogues Rémi Waterhouse
Photo Pierre-William Glenn
Musique Antoine Duhamel
Montage Michel Lewin, Jean-François Naudon
Décors Jacques Voizot, Patrick Weibel, Giuseppe Ponturo
Costumes Zorica Lozic
Production Les Films de l'Équinoxe
Interprètes Tchéky Karyo (Jean), Dominique Blanc (Isabelle), Patrick Bouchitey (Guy), Jean-Pierre Sentier (Étienne), Mickaël Tisseur (Vincent), Michel Robin (Marcel, le garde), Carlo Brandt (Franck), Michel Fortin (Gilles)
Sortie en France 26 février 1992
Remerciements au distributeur Doriane Films
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